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 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions

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pcabriotpi83
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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyJeu 5 Déc - 22:17

Jean Bruce et O.S.S. 117 : Confidences et indiscrétions…

Pourquoi, me direz-vous, ouvrir sur le Forum un topic sur Jean Bruce et son héros O.S.S. 117 ? Et pourquoi le titrer « Confidences et
indiscrétions » ? L’auteur et son personnage – le fameux “Hubert Bonisseur de la Bath” - ne sont-ils pas suffisamment connus ?
N’y a-t-il pas déjà suffisamment de sites dédiés au romancier et / ou à son héros ?

Côté Internet, il nous faut citer tout d’abord l’incontournable site Wikipédia, avec ses pages relatives au héros O.S.S. 117,
ainsi qu’à l’ensemble des auteurs qui se sont succédés pour l’écriture de ses aventures : Jean Bruce, puis sa femme Josette et enfin
ses deux enfants Martine et François {1} ; citons ensuite le site “OSS 117 (.net)”, un site que Google qualifie de site
officiel
du héros de Jean Bruce”
, et qui est certainement le site le plus complet sur le sujet {2} ; citons encore, parmi les nombreux
sites existants, la page de “L’Inspecteur Matis” {3} consacrée à Jean Bruce, et qui me semble, en ce qui concerne la partie
«biographie» de l’auteur, être la plus juste ; sans oublier les pages du site “turrier.fr” dédiées à l’“écrivain français Jean Bruce”,
et qui commentent les 87 volumes policiers ou d’espionnage issus de la plume du romancier {4} ….

Du côté des articles «imprimés», il y en eut également un certain nombre, plus ou moins substantiels, et publiés dans diverses revues,
aussi bien du vivant de Jean Bruce qu’après sa mort : notamment les textes des interviews de sa veuve Josette qui prit le relais pour
l’écriture des aventures d’O.S.S. 117. La fille du romancier, Martine Bruce, qui reprit avec son demi-frère François les aventures d’Hubert
Bonisseur de la Bath après la « retraite littéraire » de sa mère, annonçait dans une interview donnée au Figaro en mars 1997, qu’elle
préparait une biographie de ses parents {5}…hélas visiblement restée en préparation. Dans ces textes imprimés, il nous faut signaler deux
documents de référence : Le “Jean Bruce «le Boss»”, de Claude Pennec, publié en 1967 et rédigé certainement à partir
d’informations fournies et autorisées par la veuve du romancier. Il fut l’article majeur du n°1 de la revue “001 – Le Magazine de
l’Espionnage”
. Et le dossier très complet de Philippe Lombard - “OSS 117 – Les Dossiers secrets”, annexé au
coffret de 5 DVD des aventures d’OSS 117 édité en 2005 par Gaumont Vidéo. 

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions 001_le12 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Oss_1110
Ci-dessus :
A gauche, le “001 Le Magazine de l’espionnage” consacré à Jean Bruce – par Claude Pennec,
A droite, le fascicule de Philippe Lombard consacré à OSS 117 et à ses auteurs – les « Bruce »


M’intéressant au sujet, j’ai été amené lors des lectures de ces différents «documents» à constater certaines incertitudes, plusieurs
inexactitudes, …voire des erreurs manifestes. Ce qui m’a conduit à me pencher sur un certain nombre de points et les «retravailler»
en profondeur… C’est ce que j’appelle les «confidences» sur Jean Bruce et sur O.S.S. 117 ; ou encore les «indiscrétions», lorsque ces
confidences deviennent… indiscrètes.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Jean_b10
Jean Bruce… “vu à la loupe” – photo prélevée dans la
revue de la Sûreté nationale n°47 – mars/avril/mai 1963


Distillés sans calendrier ni fil rouge, les «posts» de ce topic appellent, bien entendu, remarques et controverses de la part des «forumeurs»...
et pourquoi pas, si elle nous lit, celles de Martine Bruce.

Notes :
{1} De son vivant, Jean Bruce publia près d’une centaine de romans, dont quelque 75 aventures d’espionnage mettant en scène son
agent secret matricule 117 de l’OS.S. Après sa mort, sa femme Josette reprit le flambeau et fit revivre  au héros créé par son mari
143 aventures. Et après qu’elle eut pris sa « retraite » de romancière, ce sont les deux enfants de Jean Bruce qui produiront les
24 derniers exploits d’Hubert Bonisseur de la Bath.
{2} Voir à l’adresse : https://www.oss117.net/
{3} Voir à l’adresses : http://www.inspecteurmatis.com/sp/Bi-BRUCE.htm
{4} Voir à l’adresse : http://turrier.fr/stars/jeanbruce.php
{5} Voir l’article de Jacques Pessis et Jean-Claude Lamy, intitulé “Jean Bruce : le retour d’OSS 117” (Le Figaro du 13 mars 1997).

TontonPierre


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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 6 Déc - 8:52

Confidence : Jean Bruce du temps où il s'appelait Jean Brochet…

Il me paraît intéressant de rappeler l’histoire, du temps où il n’était pas encore appelé «Jean Bruce», de celui qui se nommait alors «Jean  Brochet»,et qui était né
dans le XVIème arrondissement de Paris le 22 mars 1921.
L’histoire a été largement rapportée en 1957 par Lucienne Mornay dans son article “Le Crime paie Bien” pour l’hebdomadaire “Qui ? Détective” {1},
au moment où elle interviewait le romancier qui était alors entré dans son heure de gloire, …six ans avant qu’il n’entre dans la légende {2}:

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Jean_b14
Ci-dessus : aperçu de l’article sur Jean Bruce, paru dans le Qui ? Détective n° 562 du 8 avril 1957
(Lucienne Mornay pour « l’enquête » ; Albert Jammaron pour « le reportage photographique »).


Dans cet article, on parle de la jeunesse du futur Jean Bruce et des quatre-cents coups qu’il fit à Beauvoir, dans la Sarthe, après que ses parents, sa grande sœur
et lui-même, eurent quitté Paris pour lui offrir - à lui qui avait sept ans et qui était d’une maigreur jugée maladive au point d’être surnommé “Fil de fer”
- l’air vivifiant de la campagne. Il y mena une jeunesse intense, cramponné à la queue des veaux de son oncle, ou aux leviers d’une remarquable automobile
construite par ses soins et immatriculée G 3 Q («J’ai trois culs»…, parodiant l’immatriculation Q J 3 de la voiture de son père), à laquelle il faisait prendre des virages
sur l’aile… jusqu’au jour où la voiture s’effondra, comme désintégrée ! {3} Sans oublier les trois fois où il faillit se noyer ; la dernière quand il avait été nager
dans une mare où l’on avait mis du chanvre à rouir…

A dix-sept ans : pas de bachot mais un brevet de pilote {4} ; à dix-huit ans, la guerre : pilote, mais cette fois-ci militaire {5} ; la démobilisation après la défaite,
à dix-neuf ans, et ses premiers petits boulots : employé de mairie (à Bergerac), peintre aquarelliste (il vendra certaines de ses aquarelles), puis comédien dans une
troupe d’amateurs où il meurt tous les soirs en scène dans le rôle du séminariste de “Altitude 3.200” {6}. A vingt ans : régisseur d’une propriété en Dordogne ;
et un exploit, quand il «sauve le curé de Bergerac en l’arrachant par les pieds, au gouffre où sa passion de la spéléologie l’avait coincé sans espoir».

C'est en 1941 qu'il entre à la «Sûreté nationale», avec l’ambition de devenir commissaire de police. Dans le même temps, il devient agent de liaison dans
la Résistance {7}. Rien n’est dit, cependant, dans la restitution de l’interview, sur ses missions et actions de Résistant, pas plus que sur sa rencontre à la Libération
à Lyon d’un agent américain de l’O.S.S., qui lui aurait donné l’idée et/ou servi de modèle à son futur héros Hubert Bonisseur de la Bath.

En novembre 1946, alors qu’il est au Service financier de la Sûreté, (et que son épouse va avoir leur premier enfant, François) il rencontre, dans le train qui l’emmène
à Metz pour une mission, «une ravissante jeune fille blonde qu’il étiquette dès le premier regard “femme de sa vie”». Le hasard…, qui mène à l’amour…, et bientôt
à Martine…  qui fait qu’il faut devenir « sérieux » et penser à nourrir cette nouvelle famille.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Josett10
Ci-dessus : Josette Bruce et sa fille Martine, en 1956
(cliché Albert Jammaron pour Qui ? Détective).


Il quitte alors son métier dans la «Police», qu’il trouvait «passionnant, mais mal payé» {8}, et va enchaîner, une seconde fois, moultes activités…
qui l’amèneront, lui et sa nouvelle petite famille, à presque crever de faim : directeur commercial d’une maison d’import-export… qui coule ; dessinateur et vendeur
de bijoux dans une joaillerie : c’est dans la boutique de son patron, dont le père est attaché commercial aux Indes, qu’il rencontre le maharadjah de Bikaner.
Il en sera plus ou moins son secrétaire, comme d’aucuns le diront plus tard, mais surtout son guide, et seulement pour une courte période : Le maharadjah lui ayant
demandé d’assister en bonne place au défilé du 14 juillet, il se débrouillera pour le faire apparaître, lui et sa suite, à un balcon de la rue Royale, en costumes
chamarrés et constellés de décorations ; ce qui vaudra de la part du président de la République, Vincent Auriol, avisant au cours de la procession cette
«flamboyante brochette penchée au balcon», un petit salut amical nettement exclusif. Mais un peu plus tard, il est congédié, pour avoir osé prendre dans ses
bras la favorite du maharadjah qui venait de se tordre la cheville en cassant son talon de verre !...

Il monte alors avec un associé une affaire de police privée, dans le domaine du contre-espionnage industriel {9}. L'office a à sa disposition un bureau, une machine
à écrire, et beaucoup de papier blanc… Mais le client est plus que rare et, qui plus est, l'associé décède lors d’un voyage en Allemagne {10}. Et Jean Brochet
se retrouve tout seul devant la machine à écrire… et les feuilles de papier blanc…

Alors, et tout en travaillant le jour comme représentant en moutarde {11}, il se met à écrire {12}, le soir et la nuit  : d’abord une nouvelle, qu’il arrive à vendre {13},
puis un roman policier, pour Josette, sa compagne {14}. Elle adore ce type de romans mais, pour l’instant, elle est à l’hôpital pour soigner «une méchante faiblesse
des poumons»
. A sa sortie de l’hôpital, elle veut aller porter elle-même le manuscrit du roman de Jean aux autres maisons d’éditions que celles qui ont refusé son
manuscrit, et dont elle a noté les adresses sur son lit d’hôpital, alors qu’elle ne cessait de lire roman sur roman.
Hésitante devant l’adresse de l’éditeur qu’elle a retenu, rue d’Hauteville {15}, elle se fait accueillir par deux jeunes, qui montent une maison d’éditions, qui
accepteront le manuscrit du roman - “Trois de chute”, et qui verseront un acompte de dix mille francs, ce qui permettra de faire «rétablir le gaz coupé dans
le petit logement de la rue de Charonne»


Ce roman, dont le héros est un certain détective privé du nom extravagant de “Hubert Bonisseur de la Bath”, et qui venait d’être précédemment refusé par
plusieurs «grands» éditeurs {16}, sera, à la demande de la maison d’éditions du Fleuve Noir alors en création, rebaptisé “Tu parles d’une ingénue !...” {17},
et servira d’ouverture à sa collection “Spécial Police”. Quant à l’auteur, il deviendra, pour les besoins « impératifs » de l’époque d’avoir une signature « américanisée » :
Jean Bruce… {18}

On connaît la suite !…

Notes :
{1}  L’article parut en avril 1957, dans le numéro 362 de l’hebdomadaire Qui ? Détective, sous le titre : “Ils assassinent pour vous distraire – Nos grands
auteurs de romans policiers vus à la loupe”
; mais l’interview fut réalisée fin septembre 1956, comme l’indique un courrier envoyé par Jean Cocteau à Jean Bruce
(et dont la photo est présentée dans l’article), et qui arriva à son destinataire le jour même de l’interview.
{2} Jean Bruce se tua dans un accident de voiture le 26 mars 1963. Il venait d’avoir 42 ans.
{3} Déjà la « folie » des voitures rapides ? des immatriculations « personnalisées » ?? …et la prémonition d’un accident fatal ???
{4} Voilà qui semble dénoter une certaine aisance financière de la famille Brochet, compte-tenu de coût élevé des cours de pilotage…
{5} A noter que l’article ne fait nullement référence à des coups d’éclats contre l’armée de l’Air allemande.
{6} Jean Bruce faisait visiblement ici référence à une adaptation théâtrale du film Altitude 3.200 sorti en 1938 et issu du roman de Julien Luchaire. Il tenait
dans cette adaptation le rôle de l’élève séminariste, Irénée.
{7} Si son entrée dans la « Sûreté » en 1941 sera attestée par un article de 1963 de la revue “Sûreté”, qui publiera un court article sur Jean Bruce à la suite
à son décès accidentel, l’institution restera muette sur son engagement dans la Résistance, de même que sur sa supposée affectation dans la brigade spéciale
correspondant à Interpol – affectation qui sera mentionnée dans d'autres sources.
{8} Il semble bien que ce soit plutôt pour incompatibilité d’humeur avec son supérieur que Jean Bruce fut amené à démissionner.
{9} Un ancien collègue du temps où il était dans la Sûreté nationale, selon certaines sources.
{10} Décédé d’une crise cardiaque ou d’un accident de voiture, selon différentes sources.
{11} Pour la marque Parizot.
{12} Sur la recommandation expresse de sa compagne, la future Josette Bruce.
{13} IL s’agit de la nouvelle “Catherine et son destin”, parue en décembre 1948 dans le journal féminin “Votre Mode”.
{14} Polonaise d’origine, sa compagne se prénommait "Josefa" , francisé en “Josette”.
{15} Et pas "rue de Hautefeuille" comme indiqué dans l’article.
{16} Le manuscrit fut notamment envoyé aux Presses de la Cité et chez Gallimard, deux éditeurs qui éditaient Peter Cheyney - un auteur anglais qui inspira Jean Bruce
et qu’appréciait particulièrement Josette Bruce. Gallimard (collection Série Noire) répondit que le roman aurait été bien si l’histoire s’était déroulée aux Etats-Unis ;
un autre éditeur tiqua, pronostiquant qu’avec un nom de héros pareil (Hubert Bonisseur de la Bath), ça ne marcherait pas !… (from interview de Josette Bruce
pour la radio en 1973).
{17} La mode était alors de donner des titres plus ou moins « sexy » à ce type de romans.
{18} Le titre “Tu parles d’une ingénue !...” sortira avec le nom d’auteur « Jean Bruce » en couverture, et « Jean Brice » en page de titre. Où est l’erreur ?
La première « critique » de l’ouvrage, publiée dans le n°6 de la revue “Pigalle” (janvier 1950), retenait Brice comme nom d’auteur…

TontonPierre


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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 6 Déc - 22:16

Toujours aussi fouillés et concis les posts de l'ami pcabriot ...
Petite précision d'ordre "Gala" et "Voici" : qui est Martine dont tu parles "qui mène à l’amour…, et bientôt à Martine… qui fait qu’il faut devenir « sérieux » et penser à nourrir cette nouvelle famille" ?
Une première épouse ?
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pcabriotpi83
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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptySam 7 Déc - 19:42

Il semble que je n'ai pas été bien compris...
Martine fut le fruit de l'amour de Jean et de Josette (Josefa  Przybyl). Elle naîtra à l'été 1947... tandis que François, le fils de Jean et de sa première
femme
(Jeanne Bernadette Cosse, qu'il avait épousée en 1945) était déjà né au début de l'année.

S+clair?

TontonPierre


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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 23 Déc - 10:15

Confidence
Hubert Bonisseur de la Bath : de Détective privé à Agent de l’O.S.S. (1)
---
(où l’on s’intéresse – sur plusieurs messages -  au héros Hubert Bonisseur de la Bath” dans les premiers romans de Jean Bruce)


Le personnage d’Hubert Bonisseur de la Bath qui fut, sous la plume de son créateur Jean Bruce, le héros de quelque soixante-quinze aventures entre 1949 et 1963, apparut dès le premier roman que publia le romancier. Mais il ne fut pas tout de suite l’espion-héros indéfectible n° 117 de l’O.S.S. {1}, comme on pourrait le penser. Il fut d’abord détective privé, patron d’un Cabinet de Recherches Criminelles - “la Bath Detective Agency”, avant de devenir agent secret de l’O.S.S., initialement sous le nom de code d’O.S.S. 183, pour être par la suite « réimmatriculé » 117 par son créateur…

Martine Bruce, la fille du romancier, rappelait cette situation à l’occasion d’une interview qu’elle donna avec son frère François en 2004 {2} :
« [Mon père] s’était associé à quelqu’un pour faire dans l’espionnage industriel. C’était deux “détectives” en fait, …et ils n’avaient pas beaucoup de clients. Mon père, s’ennuyant, a commencé à écrire des romans, et à l’origine des romans de détective, pas d’espionnage ; et donc il a créé Hubert, qui apparaît dans les romans de détective. C’était la “Bath Agency”. Et c’est après, au bout de six à sept romans, qu’il a changé ; et il a commencé à donner dans l’espionnage avec un personnage qui s’appelait Brian Cannon, qui n’apparaît que deux romans ; et il a repris, sans doute parce qu’il devait bien l’aimer, le personnage d’Hubert ; et là, il en a fait un espion… »

Déjà, en 1973, à l’occasion d’une interview pour la revue Mystère-Magazine, Josette Bruce - qui continua à écrire les aventures d’OS.S. 117 après le décès de son mari) - répondait à la question de savoir s’il s’agissait dès le départ de romans d’espionnage {3} :
« En réalité, ses trois premiers romans étaient des romans policiers. Mais on y trouvait déjà Hubert Bonisseur de la Bath avec une certaine mission qui n’était pas très bien définie, qui frôlait un peu le renseignement. […] Tout de suite, la clientèle a demandé aux libraires de bien vouloir dire aux représentants, pour qu’ils le signifient à l’éditeur, qui le ferait savoir à l’auteur, que le dénommé Jean Bruce ferait mieux de faire carrément de l’espionnage, genre qui n’avait alors que peu de représentants… »

En effet, dans le premier roman de Jean Bruce, Tu parles d’une ingénue {4} (un titre «proposé» par l’éditeur Fleuve Noir en remplacement du titre initial Trois de chute choisi par l’auteur), Hubert n’est pas (ou n’est plus) un agent de l’O.S.S., pas plus qu’il n’a comme donneur d’ordres le patron des Services de Renseignements américains.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Tu_par10
Ci-dessus : recto de la couverture de Tu parles d'une ingénue!...

Certes, l’histoire, qui se passe en 1948, rapporte qu’Hubert Bonisseur de la Bath avait bien appartenu pendant la guerre aux Services de Renseignements de l’armée américaine, et que son patron d’alors (que l’on retrouvera par la suite sous le nom d’Alexander J. Smith – plus communément dénommé “M. Smith”), l’avait fait, en 1943, « parachuté en France pour y remplir une mission extrêmement dangereuse » {5}, mais qu’une fois la guerre finie, Hubert avait quitté le Service et « créé à New York un bureau de recherches criminelles – ce que nous appelons en France une Agence de Police Privée » {6}.
Un futur roman nous dévoilera d’ailleurs le nom et les coordonnées de cette agence de police privée : la “Bath Detective Agency”, une agence domiciliée à New York City, précisément au 234, West 72nd Street. Animée initialement par Hubert Bonisseur de la Bath, la “Bath Detective Agency” verra rapidement sa Direction être confiée à un certain Peter Larne, un succédané d’Hubert {7}. Hubert passera alors du « métier » de détective à celui d’agent secret - séparation des romans d’espionnage des romans policiers chez l’éditeur nécessitant, pour le discernement du lecteur, des noms de héros (et de collections) différents !

Pour cette première aventure d’Hubert Bonisseur de la Bath, contée dans Tu parles d’une ingénue !..., c’est à la demande d’un des directeurs de la Chase-Bank de New York (qui fut l’ancien patron d’Hubert pendant la guerre et qui le connaît bien), que notre héros est chargé « d’essayer de retrouver des documents très importants qui ont été volés entre Orly et Paris au cours d’un hold-up » {8} : des sacs plombés, à destination du Crédit Lyonnais, et contenant, outre cent mille dollars, le dossier d’une transaction de vente d’armes entre deux gouvernements.
D’où le départ précipité d’Hubert Bonisseur de la Bath, « l’un des plus célèbres détectives privés américains » {9}, de New York pour Paris, où il va trouver l’aide de son ami Pierre Dru, un ancien chef de réseau de résistance qu’il avait connu lors de sa mission en France et qui lui avait déjà prêté son appui.

Venu l’accueillir à Orly, Pierre nous présente son ami Hubert à sa descente d’avion :
« Hubert Bonisseur de la Bath était vraiment un phénomène. De nationalité américaine, il était de lointaine descendance française. Héritier de traditions jalousement conservées, il faisait très “vieille France” et n’avait pas du tout le genre américain. Mais, sous ses apparences d’amabilité et de nonchalance, Hubert dissimulait une terrible personnalité. Son intelligence, très vive, était lucide et froide comme une lame d’acier. Doué d’une facilité d’adaptation extra-ordinaire, il était toujours dans le ton quels que soient la situation et le lieu. Son flegme était souvent exaspérant, il le savait et en usait à bon escient. C’était avant tout un homme d’action. Ses nerfs d’acier et une absence totale de scrupules faisaient de lui un adversaire particu-lièrement redoutable. Il menait toujours le jeu sans ménagement et avec toute la brutalité désirable. Hubert était un dur. Pierre ne lui connaissait qu’une faiblesse : c’était son penchant immodéré pour les jolies femmes. […]
« Pierre remarqua tout de suite qu’il n’avait pas changé physiquement. Il était grand et svelte. Ses cheveux étaient châtain clair. Il portait toujours une abondante moustache, très R.A.F., qui n’était là, pensait Pierre, que pour détourner l’attention de ses yeux bleu métallique au regard perçant »
{10}

Au fil de l’histoire, d’autres traits de la personnalité d’Hubert Bonisseur de la Bath nous sont dévoilés :
« Le réceptionnaire de l’hôtel conduisit [Pierre] au bar où Hubert l’attendait en dégustant une Suze. Lorsqu’il était en France, Hubert ne buvait que de la Suze. René, le barman, servit un scotch à Pierre qui alluma une cigarette et en offrit une à son ami.
— Tu sais bien que je ne fume jamais, dit Hubert.
— Ah ! c’est vrai, j’oubliais. Peut-on imaginer un détective qui ne fume pas !
Hubert sourit et reprit :
— C’est peut-être nécessaire dans les romans, mais dans la vie il n’est pas obligatoire de griller cent grammes de tabac et de liquider trois litres de whisky pour faire du bon travail »
{11}.

Dans la suite de l’histoire, et alors qu’il se trouve dans une mauvaise passe, prisonnier avec son ami Pierre dans les sous-sols d’une dépendance des anciennes prisons du Petit-Châtelet, Hubert, pour essayer de gagner du temps, va raconter l’histoire de sa famille :
« Hubert, après avoir marqué un temps pour s’assurer de l’attention de son auditoire, commença :
« C’était en l’an de grâce 1461. Louis le Onzième venait de succéder à Charles VII sur le trône de France. Les prédictions de la Pucelle s’étaient réalisées et les Anglais avaient été boutés hors du pays. Le nouveau roi, qui allait bientôt mériter son surnom de Louis le Cruel, s’employait à asseoir sa puissance sur des bases solides. En la bonne ville de Paris, dont l’Université était déjà célèbre et fort fréquentée, une bande de joyeux lurons menait grand tapage dans les tripots de la cité. C’était, en quelque sorte, les existentialistes de l’époque. Leur maître à tous, grand poète devant l’Eternel et fameux brigand devant la Loi, était Messire François Villon, mercier de son état.
« Or, vers la fin de l’an 1461, Messire François eut, pour la nième fois, maille à partir avec les argousins du Roy… […]
« Or donc, poursuivit Hubert, notre poète, à cette époque, se retrouva sur la sellette devant le Procureur du Roy, attendant avec philosophie une nouvelle et inévitable condamnation, lorsque se présenta un homme de pauvre apparence qui exprima le désir d’être entendu.
« Celui qui venait de pénétrer dans l’enceinte de justice n’avait jamais connu ses parents. Il avait été déposé, le lendemain de sa naissance, à la porte d’un couvent. Les moines, qui l’avaient recueilli et qui l’élevèrent, lui donnèrent le nom de Broché, car il portait au cou, lorsqu’ils le découvrirent, une petite broche qui retenait le mince fichu dont il était enveloppé.
« Messire Broché, peu reconnaissant de nature, se libéra de bonne heure de la tutelle monastique. Il fit, peu de temps après sa fuite, la connaissance de François Villon qu’il considéra rapidement comme son Maître. Villon, qui s’intéressait à lui, le fit admettre dans la Confrérie des Merciers. A l’heure qui nous occupe, Messire Broché y jouissait des titres et privilèges de Coesmelotier-Huré
{12}.
« Selon la chronique de l’époque, Maître François fut heureux, mais aussi fort surpris, de voir son compère venir à son secours en un moment incontestablement pénible.
« Le greffier du tribunal se dressa dessus son siège et demanda au nouveau venu ce qu’il était. C’est là que les choses commencèrent à se gâter. Messire Broché avait pris l’habitude, en fréquentant les merciers et les gueux, de parler la langue des Argotiers. Aussi, tout naturellement, n’ayant point compris qu’on lui demandait son nom et non point sa qualité présente, il répondit d’une voix ferme : « Bonisseur de la Bath ! » Ce qui, en bon jargon, n’a jamais signifié autre chose que « témoin à décharge ». Le greffier, auquel il était permis de l’ignorer, se méprit et écrivit sans s’émouvoir : nom du témoin : Bonisseur de la Bath ; puis il lui fit signe de s’expliquer sur ce qu’il avait à dire. Mais, Messire Broché, s’obstinant à parler en argot, le Procureur, qui n’y comprenait rien, tout naturellement, le fit mettre en prison. Il fut donc écroué sous le nom de Bonisseur de la Bath et jeté dans les geôles du Petit Châtelet, peut-être ici-même…
« Hubert continua : Il eut la chance d’être libéré au printemps suivant. Les papiers qui lui furent remis à cette occasion portaient le nom de Bonisseur de la Bath. Le fondateur de notre famille, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pensa que, nanti d’un nom semblable, il se devait désormais de réussir dans la vie. Il se présenta un jour aux portes d’un château provincial et se fit annoncer au maître de céans, vieux seigneur féodal sans descendance. Il lui raconta qu’il était l’unique rescapé d’une noble famille qui avait eu à souffrir d’une vengeance de Louis le Cruel. Les « subtilités », qu’il avait apprises chez les merciers – on appelle cela de nos jours de la psychologie – l’aidèrent à conquérir le cœur du vieux seigneur qui, avant de mourir, lui légua son fief. Bonisseur de la Bath, premier du nom, prit femme dans la noblesse du voisinage et la famille, depuis lors, ne cessa de prospérer.
« Au moment de la Révolution, le Bonisseur d’alors émigra aux Amériques où ses descendants se fixèrent définitivement… Je suis le dernier ; et je ne puis m’empêcher de trouver drôle de venir terminer le cycle ici-même, où il commença… »
{13}

Ce récit m’inspire les deux réflexions suivantes :
1. Qu’il ne sera pas nécessaire d’attendre la préface du futur Délire en Iran {14}pour avoir un aperçu des origines d’Hubert Bonisseur de la Bath,
2. Que le “Coesmelotier-Huré”, à l’origine de la famille des Bonisseur de la Bath, s’était vu attribué le patronyme de Broché…
Bien joué !... Monsieur Brochet alias Jean Bruce pour ce “Messire Broché”… {15}

Ce premier roman est effectivement plus un roman policier qu’un roman d’espionnage, même si l’intrigue y fait interférer plusieurs Services de Renseignements, intéressés par la récupération du contrat de vente d’armes. Hubert Bonisseur de la Bath, le héros, n’est pas un agent secret : même s’il a travaillé dans le passé pour les Services de Renseignements américains, il est ici un détective privé. En ce sens, il est à l’image du personnage de fiction Lemmy Caution, un détective américain, ancien du FBI, qu’avait créé quelque dix ans auparavant le romancier britannique Peter Cheyney : un auteur qu’appréciait particulièrement la compagne du futur Jean Bruce, et qui semble avoir marqué (voire inspiré) quelque peu le romancier au moment où ce dernier commença à écrire ses premiers romans.
Le roman fit l’ouverture de la collection “Spécial Police” des éditions Fleuve Noir, alors première collection de la maison d’éditions (mis à part sa collection érotique dite “La Flamme” – collection dans laquelle Jean Bruce publiera entre fin 1949 et fin 1951 cinq romans érotiques sous pseudonymes) – une collection à priori dédiée aux romans policiers plutôt qu’aux romans d’espionnage. Dans ce premier roman, il n’est ni question de l’O.S.S., ni de «117», pas plus que de la C.I.A., qui avait pourtant déjà remplacé l’O.S.S. à la date où se situe l’intrigue.

Ce roman sera repris sept ans plus tard par son éditeur – le Fleuve Noir – alors que l’auteur était passé à la concurrence (aux Presses de la Cité) depuis plus de trois ans. Le Fleuve Noir justifiera cette nouvelle “mouture” – titrée Ici O.S.S. 117 {16} – de la façon suivante :
« Il nous a paru intéressant de donner à nos lecteurs l’occasion de mieux faire connaissance avec le célèbre agent O.S.S. 117, Hubert Bonisseur de la Bath.
« Les premières aventures de ce personnage familier à tous les fervents du genre avaient paru voici déjà quelques années dans notre collection “Spécial Police”, sous le titre “Tu parles d’une ingénue”.
« Aujourd’hui, dans notre collection Espionnage, dans une version renouvelée et remaniée, et sous une présentation habituelle à cette série, nous offrons à nos lecteurs les débuts d’O.S.S. 117 ».


Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Ici_os12
Ci-dessus : recto de la couverture de Ici O.S.S. 117

Ce «remaniement» qui, à mon avis, n’a pas été effectué par le romancier lui-même {17}, est constitué par la simple modification, au début de l’histoire, du «métier» d’Hubert Bonisseur de la Bath : au lieu d’être présenté comme un détective privé, il est ici noté appartenir à l’O.S.S., mais sans avoir d’ailleurs un quelconque matricule.
Pour le reste, le texte est une recopie mot à mot de Tu parles d’une ingénue, sauf quelques "scènes d'amour" qui sont tronquées…

Notes :
{1} L’O.S.S. - L'Office of Strategic Services (Bureau des services stratégiques), fut un bureau de renseignement du gouvernement américain. Créé en 1942 après l'entrée en guerre des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, son objectif était de collecter des informations et de conduire des actions clandestines et non ordonnées. L’O.S.S. fut démantelé à la fin de l'année 1945 pour être remplacé en 1947 par la C.I.A. (Central Intelligence Agency– L’Agence Centrale de Renseignement) – cf. Wikipédia.
{2} “Les mystérieux créateurs d’OSS 117” – Martine et François Bruce. Interview filmée, Copyright Gaumont Vidéo, 2004.
{3} “En direct avec… Josette  Bruce”, par Luc Geslin et Georges Rieben - (Mystère-Magazine n°303 – mai 1973)
{4} Tu parles d’une ingénue !... – Fleuve Noir éditions, Paris – Collection Spécial Police (n°1) – Achevé d’imprimer en août 1949.
{5} Tu parles d’une ingénue !... – page 8
{6} Tu parles d’une ingénue !... – page 9
{7} Nous verrons dans un futur post que, pour la publication du roman “Faut pas s’y fier” (le premier roman mettant en scène le détective Peter Larne), Jean Bruce n'aurait fait pratiquement que changer, dans le texte qu’il aurait précédemment écrit, le nom du détective Hubert Bonisseur de la Bath en celui de Peter Larne.
{8} Tu parles d’une ingénue !... – page 9
{9} Tu parles d’une ingénue !... – page 17
{10} Tu parles d’une ingénue !... – pages 7-8
{11} Tu parles d’une ingénue !... – page 16. Mais Hubert changera, buvant du whisky et fumant des cigarettes, lorsqu’il sera devenu, sous la plume de son auteur Jean Bruce, l’espion O.S.S. 117.
{12} Coesmelotier-Huré : marchand grossiste en mercerie.
{13} Tu parles d’une ingénue !... – page 184 et suivantes.
{14} Jean Bruce retracera le « pedigree » complet d’Hubert Bonisseur de la Bath, à la demande des lecteurs, en préface de son roman “Délire en Iran”, paru en septembre 1959.
{15} Le véritable patronyme de Jean Bruce était Jean Alexandre Brochet.
{16} Ici O.S.S. 117 – Fleuve Noir éditions, Paris – collection Espionnage (n°103) – Achevé d’imprimer au 3ème trimestre 1956.
{17} Voir les arguments développés dans mon article à venir, sous-titré : “Jean Bruce or not Jean Bruce”.

(à suivre...)
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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyJeu 2 Jan - 10:05

Indiscrétion Jean Bruce :
Sa rencontre avec Josette, “la femme de sa vie”

Novembre 1946. Une brigade d’inspecteurs «financiers» est en mission. Dans cette période d’après-guerre, la Direction de la Police financière a fort à faire, notamment dans les affaires de trafic d’or.

Parmi ces inspecteurs qui ont pris le train ce 3 novembre à destination de la Lorraine, se trouve le futur Jean Bruce, alors Jean Brochet : 25 ans, inspecteur titulaire, beau garçon, petit (1m68), mais solide, et bien bâti. Et marié : il a épousé Jeanne Cosse en 1945 à Marquay, en Dordogne. Pour le moment, Jeanne attend un bébé {1}.

Dans le couloir du train qui les emmènent à Metz, Jean repère une magnifique blonde, «plus séduisante encore que jolie, plus délicieuse encore qu’elle n’est charmante» : elle se prénomme Josefa. On a envie de l’embrasser. Jean, le premier…, bien sûr ! Il lui dit qu’elle est la femme de sa vie, et lui demande de faire semblant de croire que c’est vrai. Ses collègues rentrent dans le jeu. Elle aussi.

A Metz, où l’appellent des affaires de famille, Josefa choisit le même hôtel que les inspecteurs. «— Mademoiselle “Josette”…, ma femme !» Par galanterie, on cède à la jeune femme l’unique chambre avec salle de bains disponible.

Elle a joué, il a gagné. Ce jeu et le hasard, qui ont donné naissance à l’amour, magnifique et simple, vont aussi donner naissance à Martine, l’été suivant.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Jean_b15
Ci-dessus, Jean Bruce vers le milieu des années 1940.
(Photo prélevée dans le bulletin de la Sûreté nationale n°47 du printemps 1963
Certainement une photo d’identité insérée dans son dossier
à la Sûreté nationale ou à l’Ecole Supérieure de Police)
Déjà séducteur, comme son futur héros Hubert Bonisseur de la Bath, mais sans la moustache…


Quand il écrira sa première nouvelle fin 1948, “Catherine et son destin”, Jean Bruce transposera, pour la narration de la brève histoire d’amour entre Jean et Catherine, la magie de sa propre rencontre avec Josefa. Une nouvelle, empreinte de poésie et de romantisme comme il n’en écrira plus jamais : l’apparition de la jeune femme, alors qu’il était dans un train ; l’impression que celle-ci était celle qu’il avait toujours attendue ; le seul endroit pour dormir qui leur fut offert - à eux qui étaient considérés comme des jeunes mariés ; la nuit passée ensemble… Mais là, pour la nouvelle, voulue «romantique», l’auteur trouvera impossible de «terminer normalement et humainement une aventure aussi exquise et tellement exceptionnelle». «Vous ne seriez plus pour moi qu’un remords ; et je ne serais plus pour vous qu’un désir satisfait», dira tendrement Catherine à son «mari fantôme» !

Le divorce de Jean Bruce d’avec sa première épouse sera prononcé le 10 décembre 1949, et il se remariera à Paris avec Josefa Przybyl le 27 juin 1950.
Le premier enfant de Jean Bruce, François, rejoindra par la suite sa demi-sœur Martine. Ensemble, ils écriront les vingt-quatre dernières aventures du héros créé par leur père en 1949, et intitulées “Les nouvelles aventures d’OSS 117”

N.B : Principaux documents ayant servis à la rédaction de ce texte :
- Rencontre de Jean et Josefa, le 3 novembre 1946 : article de Lucienne Mornay – “Jean Bruce : Le crime paie bien”, paru dans le n°562 du journal Qui ? Détective (8 avril 1957)
- Transposition dans la première nouvelle de Jean Bruce : “Catherine et son destin”, signée Jean Alexandre, achevée d’écrire novembre 1948 – in Votre Mode n°93 du 2 décembre 1948
- Informations sur les mariages et divorce de Jean Bruce : mentions marginales de son acte de naissance (Acte n°525 des registres des naissances du 16e arrondissement de la Ville de Paris pour l’année 1921).

Note {1}:   François, qui est le fils de Jean Alexandre Brochet et de Jeanne Bernadette Cosse.

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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 3 Avr - 1:04

Salut. Dans TTX 75 recherche M. le Duc, j'ai lu ce qui m'a semblé être une référence OSS 117.
Dans ce roman, Jasper Wood rencontre Ken Smith, le directeur du Service-Action de la CIA, qui est décrit comme petit, rondouillard, presque chauve, et portant d'épaisses lunettes de myope. Ceci est peut-être un crossover pour plusieurs raisons :

  • Dans OSS 117, Hubert Bonisseur de la Bath travaille aussi pour le Servive Action de la CIA. Dans la réalité, le Service Action est le nom d'une unité des services secrets français. L'équivalent américain porte un autre nom.
  • Dans OSS 117, le chef du Service-Action est appelé M. Smith et voici la description qui en est faites : « Monsieur Smith est souvent enrhumé. Il possède une paire de lunettes de myope à verres épais. Ses lèvres sont grasses, il a des mains de prélat et ressemble à un très vieux bouledogue avec ses yeux larmoyants et ses bajoues. »

Par contre j'ai lu ici que le vrai nom de M. Smith était Alexander J. Smith. Ce qui contredit ma théorie. Peux-tu me dire dans quel(s) roman(s) le nom complet de M. Smith est révélé ?
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MessageSujet: M. Smith   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 3 Avr - 9:00

Jean Bruce fait rencontrer son héros Hubert Bonisseur de la Bath - alors détective et pas encore agent secret - et M. Smith, dans le titre "Tous des Patates", achevé d'imprimer en novembre 1949.
je donne ci-dessous la photo de la page en question:
Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Tous_d11

Dans le roman, M. Smith n'est pas spécialement décrit. Tout au plus lit-on, page 14 :
"M.Smith enleva ses lunettes et les posa sur la table. Il passa une main grasse et soignée sur son regard de myope et répondit lentement :"

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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 3 Avr - 18:56

Confidence
Hubert Bonisseur de la Bath : de Détective privé à Agent de l’O.S.S. (2)
---
(où l’on s’intéresse au héros Hubert Bonisseur de la Bath dans les premiers romans de Jean Bruce)


Dans le second roman signé Jean Bruce et publié par les éditions Fleuve Noir en novembre 1949, “Tous des patates” {1}, Hubert Bonisseur de la Bath est toujours détective, et va revenir enquêter en France, accompagné une fois de plus par son ami Pierre Dru.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Tous_d12 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Tous_d14
ci-dessus: recto et verso de "Tous des patates"
Editions Fleuve Noir - Collection Spécial Police #2 - AI 23-11-1049

Alors que notre héros est à New York, occupé à faire tourner son agence de police privée, il est appelé par un certain Alexander J. Smith, du “Planing Organisation” (visiblement un Service de Renseignements américain) :
« Mon cher Hubert, cela vous ferait-il plaisir de travailler à nouveau pour nous ? […] Evidemment, je n’oublie pas que vous avez créé un Cabinet de Recherches Criminelles et que vous ne pouvez vous permettre de perdre votre temps. Vous serez largement rémunéré. […]
« Vous rappelez-vous de Nadia Barayana avec qui vous avez travaillé à Lyon, en France, en 1943 ? […] Nadia Barayana est morte avant-hier au Waldorf. Elle a été assassinée. […] Elle revenait de France où elle avait recueilli des renseignements très intéressants sur certains groupements nazis reformés sous le nom de « Force Noire ». Elle était arrivée avant-hier soir et nous avions rendez-vous hier matin. Elle devait me rendre compte de sa mission. […]
« Vous avez travaillé en France, pour nous, pendant trois ans sous l’occupation nazie. Vous y avez, par ailleurs, vécu longtemps. Vous connaissez le pays mieux que quiconque et vous connaissez aussi les principaux fascistes qui sont encore en liberté. Je vous demande de partir là-bas et de tenter de retrouver ce qu’avait découvert Nadia Barayana »
{2}

Et le romancier d’en remettre une couche sur la présentation de son héros :
« Hubert Bonisseur de la Bath, trente ans, un mètre quatre-vingts, exerçait la profession délicate de détective privé. Ses cheveux étaient châtain clair, et ses yeux bleu métallique passaient avec une facilité déconcertante de la douceur la plus tendre à la dureté la plus inhumaine. Une moustache abondante dissimulait en partie une bouche sensuelle et bien dessinée. Les traits du visage étaient réguliers.
« Hubert Bonisseur de la Bath descendait en droite ligne d’une vieille famille française qui avait émigré aux States vers 1789. Des traditions jalousement conservées et toute une éducation reçue en France même avaient fait de lui un personnage anachronique dans la moderne Amérique. Anachronique en apparence seulement ; car, si Hubert avait un aspect très « Vieille France », si ses conceptions de la vie ne différaient point, en gros, de celles d’un homme de sa classe ayant toujours vécu dans le pays le plus spirituel du monde, il avait acquis du nouveau continent cet incessant besoin d’action, cette vitalité extraordinaire qui caractérisent les jeunes hommes de l’Amérique du Nord.
« Sa profession de foi le dépeignait en une phrase : « Marche droit devant toi, une matraque à la main et ne t’arrête pas pour discuter », avait-il coutume de se répéter. Et il suivait ce programme à la lettre, sans s’inquiéter des dégâts.
« Il était servi dans n’importe quelle entreprise par une absence totale de scrupules dans le choix des moyens. Seul, le résultat comptait. Et, généralement, il faut bien le dire, le résultat était en sa faveur.
« Hubert Bonisseur de la Bath n’avait qu’une faiblesse et cette faiblesse lui avait joué bien des mauvais tours. C’était un penchant immodéré pour les jolies femmes et principalement pour les blondes d’un certain type. « Question de peau », disait-il, d’un ton convaincu. Ce qui ne l’empêchait pas de s’intéresser également aux brunes, voire aux rousses, de façon fort pressante. Son physique et ses manières, et sa réputation de Don Juan, lui avaient valu auprès des femmes des succès nombreux autant que flatteurs. Il n’en tirait aucune vanité ; simplement un certain mépris pour la femme en général qui se donnait trop facilement à son goût. Il rêvait parfois d’une femme blonde et grande, et faite comme il les aimait quant aux détails qui saurait lui résister et pour laquelle il aurait à lutter. Il ne l’avait pas encore rencontrée »
{3}.

La première moitié du premier chapitre du roman décrit avec moults détails l’assassinat de la belle Nadia Barayana (une belle « espionne » que l’on retrouvera …vivante ! dans le prochain roman à paraître de Jean Bruce “Une Gosse qui charie”). Un texte très sensuel… qui sera édulcoré dans la version du roman publié par épisodes dans le journal Le Hérisson en novembre 1950 {4}, et qui sera condensé au possible dans la version remaniée de 1957 titrée O.S.S. 117 et Force Noire {5}.

Rangeons également ce roman dans la catégorie des “policiers”. Hubert Bonisseur de la Bath est là encore le patron d’un “Cabinet de Recherches Criminelles”, quand bien même son ordre de mission lui a été donné par le patron des Services de Renseignements américains, et que l’intrigue concerne la neutralisation d’un groupement nazi reformé.

Ce roman sera «remanié», comme le précédent, et proposé début 1957 par les Editions Fleuve Noir sous le titre O.S.S 117 et Force Noire, avec là encore une justification de l’éditeur, identique à celle de Ici O.S.S. 117.

Dans cette version «remaniée», Hubert Bonisseur de la Bath est nommément présenté comme étant l’agent secret O.S.S. 117. Il a le grade de Commandant et son «Grand Patron» est dénommé “M. Smith”. Mais, mis à part cette présentation du héros sous cette qualité dans le premier chapitre du roman, le restant du texte est identique à la version de 1949 et Hubert accomplira sa mission en étant désigné par son nom de famille et jamais sous la dénomination d’O.S.S. 117.

Notes :
{1} Tous des patates – Fleuve Noir éditions, Paris – collection Spécial Police (n°2) – Achevé d’imprimer en novembre 1949.
{2} Tous des patates – pages 13-15.
{3} Tous des patates – pages 12-13.
{4} Tous des patates – Un grand roman d’amour et d’action de Jean Bruce – Illustrations de Sidobre. Le Hérisson – du 23 novembre 1950 au 22 février 1951.
{5} O.S.S. 117 et Force Noire – Fleuve Noir éditions – collection Espionnage (n° 116) – Dépôt légal imprimeur : 1er trimestre 1957.

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MessageSujet: M. Smith   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 3 Avr - 21:58

Pour alimenter le questionnement du docteur Nemo sur le “Smith” des TTX 75, une raison pour ne pas s’étonner de ce qu’il pense être un «crossover» avec le Smith d'OSS117 est la suivante : Richard Caron, l’auteur des aventures de TTX 75, fut «coaché» par Jean Bruce au début des années 1960 pour écrire ses premiers romans d’espionnage. Caron fait partie, avec notamment Steen, Noro, Cooper,… de ce qu’on appelle «L’école d’espionnage Jean Bruce».

On retrouvera cette information dans deux futurs posts : “Jean Bruce aux Presses de la Cité”, et “l’Ecole d’espionnage de jean Bruce”.

Richard Caron sera, bien après la disparition de Jean Bruce, co-scénariste pour certains films d’OSS 117 ; ce qui montre qu’il garda un lien affectif, sinon avec l’auteur, au moins avec le personnage de fiction…

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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptySam 4 Avr - 1:54

Woaw ! Merci pour toutes ces infos :-)

Nadia Baranaya est vivante dans Une Gosse qui charie, car l'action de ce roman se passe avant le précédant. Par contre je suppose que dans O.S.S. 117 et Force Noire, le dialogue avec M. Smith a été modifié pour qu'il dise que la rencontre de OSS 117 et Nadia a eu lieu en Suisse et plus à Lyon sinon là il y aurait incohérence.
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MessageSujet: M. Smith   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptySam 4 Avr - 9:46

Voici le retranscription des pages concernant la rencontre Smith >< Hubert.
3 pages. Partie gauche : Tous des patates ; partie droite : O.S.S.117 et Force Noire.
en rouge : texte absent de la version parue en 1950 dans le journal Le Hérisson.
Bonne lecture...
Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Img_0013 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Img_0014 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Img_0015

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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 13 Avr - 18:03

Confidence : Jean Bruce aux Presses de la Cité

I - Bye-bye le Fleuve...
Début 1953, Jean Bruce change d’éditeur et rejoint les Presses de la Cité. Alors qu’il est depuis bientôt trois ans l’auteur emblématique de la Collection Espionnage des Editions Fleuve Noir, avec son personnage Hubert Bonisseur de la Bath – l’agent n° 117 de l’O.S.S., et que ses titres sont publiés et réimprimés avec des tirages confortables - gages d’un succès certain, il quitte le Fleuve Noir, l’éditeur qui a été le premier (et le seul) à lui faire confiance et qui, depuis son arrivée en 1949 {1}, a fait publier tous ses romans.

Tout semblait pourtant bien se passer, au “Fleuve”. Ses romans de la Collection Espionnage – 18 titres publiés depuis juin 1950, le dernier en date, Sous Peine de mort, venant de paraître en décembre 1952 – se vendent bien, nécessitant déjà des réimpressions pour cause d’épuisement des stocks {2} ; ses romans policiers, publiés dans la Collection Spécial Police - 10 titres parus depuis août 1949, dont certains sont plus proches du roman d’espionnage que du policier «pur» - sont aussi très appréciés. Quant aux romans “sexy”, de la Collection dite «La Flamme» {3}, collection dans laquelle Jean Bruce a publié cinq titres entre fin 1949 et fin 1951, sous les pseudonymes de Joyce Lindsay et de Jean Martin-Rouan, le patron du Fleuve, Armand de Caro, prévoit d’en arrêter bientôt la publication, pour cause de poursuites devant les tribunaux. Jean Bruce s’est d’ailleurs retrouvé devant la 10ème Chambre du Tribunal Correctionnel de la Seine le 20 novembre 1951, avec René Poscia, lui aussi romancier, pour deux de ses romans «contraires aux bonnes mœurs», et a été condamné à de lourdes amendes {4}.

La raison de ce «transfert» vers les Presses de la Cité, dans lequel certains pourraient considérer Jean Bruce comme un transfuge, ne nous est pas révélée. Martine Bruce, la fille du romancier, déclarait dans une interview qu’elle donna avec son demi-frère François, en 2004 : «Il a été racheté, comme un joueur de football, par les Presses de la Cité, qui [ont] versé une énorme somme de dédommagement au Fleuve Noir pour pouvoir récupérer Jean Bruce chez eux».
Il faut savoir en effet que le Fleuve Noir d’Armand de Caro et les Presses de la Cité de Sven Nielsen se livraient à l’époque une forte concurrence sur le marché du «polar» ; et il est par ailleurs facile d’imaginer que les Presses de la Cité devaient payer mieux que le Fleuve Noir. Rappelons à ce propos qu’Armand De Caro fit ses classes dans le monde de l’édition avec comme «professeur» Roger Dermée, celui qui payait ses auteurs «avec des queues de cerises» ; c’est tout dire ! {5}

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Rmand_12 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Sven_n12
Armand de Caro (à gauche) et Sven Nielsen (à droite), « capitaines » respectivement des éditions du Fleuve Noir et des Presses de la Cité
(clichés prélevés sur le film documentaire de Thibaut Chatel “OSS 117, entreprise familiale” – 2011).


Mais il n’y a pas que la rétribution pour le manuscrit d’un roman qui compte, il y a tout ce qui tourne autour du roman : les pourcentages sur les ventes si le roman fait l’objet de gros tirages ou de réimpressions, les royalties sur les parutions en feuilleton dans la presse écrite {6}, celles sur les adaptations radiophoniques ou cinématographiques, les droits sur les traductions en langues étrangères, etc… Jean Bruce trouva sans doute mieux sur ce plan-là en passant aux Presses de la Cité : «On m’a fait le même contrat qu’à Simenon», aurait-il déclaré avec fierté {7}. Il ne fut pas, d’ailleurs, le seul auteur à changer d’éditeur, puisque Jean-Pierre Conty, qui venait de publier lui aussi au Fleuve Noir quatre titres depuis 1952 sous la signature de Jean Crau, rejoignit Jean Bruce aux Presses de la Cité à la mi 1953.

Par ailleurs, son contrat avec le Fleuve Noir lui imposait un rythme d’écriture presque démentiel : un volume par mois, sans compter les nouvelles inédites à publier toutes les deux semaines dans les revues Stars et Vedettes et Paris Hollywood… Mais il est vrai qu’il s’était de lui-même pratiquement imposé ce rythme dès 1949, lorsque, venue «vendre» le manuscrit du premier roman de son compagnon à deux jeunes de la rue d’Hauteville qui envisageaient de créer une maison d’éditions (le futur Fleuve Noir), la future Josette Bruce n’avait pas hésité à proclamer, pour «emporter l’affaire», que celui-là était capable d’écrire un roman par mois !

En tout, entre mi 1949 et fin 1952, Jean Bruce aura publié 33 romans et une cinquantaine de nouvelles… Du bon boulot ! …

Notes :
{1} Le premier roman de Jean Bruce fut publié aux Éditions Fleuve Noir, comme premier volume de sa Collection Spécial Police, et portait le titre “Tu parles d’une ingénue !...”. Achevé d’imprimer en août 1949.
{2} L’édition originale du n°23 (“Alerte”, de Jean Bruce – Achevé d’imprimer en septembre 1952), signalait déjà la «réimpression» des quatre premiers titres de la collection, comportant les trois premiers titres «Espionnage» de Jean Bruce.
{3} Ladite collection a été présentée sur le Forum à l’adresse : https://litteraturepopulaire.1fr1.net/t2030-collection-rouge-et-noir-chez-fleuve-noir?highlight=fleuve+noir
{4} Jean Bruce fut condamné à payer une amende de 60.000 fr. pour son livre “Tout mais pas ça”, et une amende de 50.000 fr. pour son livre “Le Vice dans la peau” (amende qui se confondra avec la précédente).
{5} Pierre Genève, qui rencontra Jean Bruce chez André Héléna dans les années 1950, rapportait dans ses mémoires : «Pour la petite histoire, M[onsieur]. D[ermée] s’était entouré d’un magasinier et d’un comptable qui l’assistaient en tout, qui apprenaient le métier d’éditeur et la méthode d’exploiter les auteurs avant de voler de leurs propres ailes, l’un à la tête des Editions de l’Arabesque, l’autre du Fleuve Noir».
{6} Les premiers romans de Jean Bruce parus au Fleuve Noir furent publiés en feuilletons dans le journal “Le Hérisson”, à partir de décembre 1949, et jusqu’au début de 1953, certainement grâce à l’action de François Richard, alors Directeur littéraire du Fleuve Noir.
{7} Cf “France-Soir” du 28 mars 1963.

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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 24 Avr - 8:28

Confidence : Jean Bruce aux Presses de la Cité

II - Moins de presse aux Presses...

Arrivé aux Presses de la Cité, Jean Bruce va continuer à écrire et à publier dans les deux registres que sont l’espionnage et le policier, mais à un rythme moins soutenu : un roman tous les deux mois environ.
Une autre différence est que les Presses de la Cité n’ont pas une collection «espionnage» et une collection «policier», spécifiques, comme le Fleuve Noir, mais une seule collection, baptisée “Un Mystère”, au logo d’un petit éléphant noir, qui regroupe et mêle plusieurs registres : “Police”, “Espionnage”, “Noir”, “Suspense”, “Classique”, “Énigme”, … De quoi satisfaire les goûts de lecteurs différents, mais de quoi s’y perdre quelque peu.

La Collection Un Mystère va donc accueillir les romans de Jean Bruce, indifféremment d’espionnage ou policiers. Pour illustrer mon propos, notons que le premier roman publié sera un espionnage (estampillé «Espionnage» sur la couverture, et contant les aventures du fameux OSS 117) : OSS 117 n’était pas mort – n°119, AI février 1953 {1}, tandis que le second titre publié de Jean Bruce : Bonne Mesure, sera un roman policier, estampillé «police» sur la couverture, et qui portera le n°122 (AI avril 1953).

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Oss_1112 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Bonne_13
Ci-dessus : recto des deux premiers romans de Jean Bruce publiés après son arrivée
aux Presses de la Cité, début 1953. Ces deux titres seront réédités en 1958, nantis d’une autre couverture,
avec, pour le roman “O.S.S. 117 n’était pas mort”, un changement de titre : “O.S.S. 117 n’est pas mort”.


L’auteur fera une exception à ces registres en publiant, toujours aux Presses de la Cité mais dans une collection spécifique {2}, un document-essai sur Saint Exupéry, intitulé Saint-Exupéry, pilote légendaire. Un hommage rendu à celui qui fut à la fois aviateur, reporter, poète et écrivain français, et qui mourut pour la France, par un autre «aviateur» – Jean Bruce – qui s’était lui-même illustré comme pilote pendant la Seconde Guerre Mondiale et qui avait eu l’occasion de rencontrer le «grand» Saint-Ex. Un essai qui, aux dires du fils de Jean Bruce à l’occasion d’une interview en 2004, aurait été écrit avant même que Jean Bruce ne se fût lancé dans le roman d’action, c’est-à-dire avant 1949.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Saint-13
Ci-dessus : "Saint-Exupéry, pilote légendaire", de Jean Bruce
Presses de la Cité, Collection Captain Johns, AI 15 oct. 1953.


Notes :
{1} AI = Achevé d’Imprimer. Ce premier roman d’espionnage publié aux Presses de la Cité servira de trame au premier film des aventures d’O.S.S. 117 – “O.S.S. 117 n’est pas mort”. Il sera par la suite réédité sous le nouveau titre de “O.S.S. 117 n’est pas mort”, se conformant ainsi au titre du film
{2} Collection “Captain Johns”, une collection pour les jeunes lecteurs – AI 15 octobre.1953

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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 24 Avr - 12:18

petite poluution de topic , venant de tomber sur ça l'autre jour dans un paris match de 67

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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 24 Avr - 14:20

Enfin un pollueur.... mais du très estimé Jeandive !
Je désespérais (depuis Pfinge) de ne pas en avoir...
Un document de plus  (j'en ai plus de soixante) pour peaufiner mon étude "Bruce" (je déborderai largement du seul "Jean Bruce" pour aller faire un tour chez Josette et les enfants Bruce) ; mais pas mal d'erreurs dans ce document... ne serait-ce que la date de l'accident mortel du romancier : 26 mars 1963 et non le 16 mars...

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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 27 Avr - 18:27

Confidence : Jean Bruce aux Presses de la Cité

III - Tous les records de l'édition pulvérisés...

C’est avec ses romans parus aux Presses de la Cité que Jean Bruce va acquérir la notoriété qu’on lui connaît.
En 1954, à l’occasion d’un jeu-concours organisé par sa maison d’éditions, il se retrouve hissé et intégré au niveau des plus grands, au milieu des Simenon, Cheyney, Gardner, Spillane et autres Queen… {1}
Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Grand_10
Ci-dessus : grille du jeu-concours Presses de la Cité, in Qui ? Détective
n°418 du 5 juillet 1954. Jean Bruce, pipe à la bouche, est la vignette n°6


En 1956, il est interviewé par Lucienne Mornay, pour le compte de l’hebdomadaire Qui ? Détective, dans le cadre d’une enquête intitulée “Nos grands auteurs de romans policiers vus à la loupe”. Une interview où il doutait encore de son succès : «Il n’y croyait pas encore tout à fait, malgré la course ascendante d’un succès qui s’exprime maintenant en gros tirages, malgré son appartement de riche, sa voiture de riche, le whisky pour les visiteurs, et le monde entier à défricher : le Moyen-Orient il y a trois ans, la Russie l’an dernier, et, cette année, la terre entière dont il va faire le tour pour puiser à même les paysages et les êtres des réalités romanesques.» {2}

De son voyage en 1953 au Moyen Orient, il tire Ombres sur le Bosphore (AI mars 1954), Inch Allah (AI novembre 1954), Cache-cache au Cachemire (AI mars 1955) ;
Son voyage en Russie en 1955, à bord du célèbre Batory {3}, lui inspire O.S.S. 117 rentre dans la danse (AI avril 1956), tandis que Noël pour un espion (AI novembre 1956) naît d’une documentation de 10 kilos sur le Brésil offerte par le fils de sa femme de ménage, qui est ingénieur à Rio-de-Janeiro {4}.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Ombres12 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Inch-a10 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Cache_10
Ci-dessus : couvertures des éditions originales de “Ombres sur le Bosphore”, “Inch Allah” et Cache-cache au Cachemire”.
Ci-dessous : couvertures des éditions originales de “O.S.S. 117 rentre dans la danse” et “Noël pour un espion”.
Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Oss_1114 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Noel_p10

C’est en effet à cette période qu’il se met à parcourir le monde, pour donner corps à ses romans et les rendre plus vraisemblables. Des voyages-études qu’il ne pouvait vraisemblablement pas accomplir du temps où il était sous contrat au Fleuve Noir.
Son tour du monde de 1956/1957, qui lui prendra, dira-t-il pour «calquer» Jules Verne, un peu plus de quatre-vingts jours {5}, il le précise ainsi : «l’Iran, le Pakistan, les Indes, la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, les Philippines, Hong-Kong, Macao, le Japon, Honolulu, Pearl Harbour, San-Francisco, Hollywood et New-York.» {6}

C’est aussi à cette époque qu’il commence à donner à ses romans des titres incorporant des calembours dont il est friand : Cache-cache au Cachemire, OSS 117 tue le taon, Le Sbire de Birmanie, Atout cœur à Tokio (sic), Moche Coup à Moscou, etc… l’un des plus manifestes d’entre eux sera Cinq Gars pour Singapour (AI juin 1959). C’est là, semble-t-il, une réminiscence du temps où il était à l’Ecole supérieure de Police (en 1946), et où il confectionnait et distribuait en cachette, pour ses camarades, le journal qu’il avait créé : “Le Poulet enchaîné” {7}.

Fin 1958, la vente moyenne de chacun de ses titres atteint les 150.000 exemplaires. Il en est déjà à son 70e volume, et il est alors «l’écrivain français dont les revenus sont les plus considérables, supérieurs à ceux de Daninos et de Françoise Sagan» {8}. Lauréat du premier Prix du Roman d’Espionnage, avec son Panique à Wake (AI décembre 1958), et déjà l’objet de vingt-trois traductions, il est l’un des auteurs français les plus sollicités par leurs lecteurs : «Chaque matin, sur le coup de 10 heures,[ses deux enfants, Martine et François, dix et onze ans,] doivent interrompre leur jeu pour aider le concierge à transporter un courrier fastidieux qui, certains jours, est fait de plusieurs centaines de lettres (un millier parfois) venues de tous les pays du monde, y compris l’U.R.S.S. et la Chine».{9}

Notes :
{1} Il s’agissait de faire correspondre des propositions de titres de romans à leur auteur (“Qui ? Détective” numéros 414 à 418 de juin à juillet 1954)
{2} Cf. “Qui ? Détective” n°562 du 8 avril 1957. L’interview fut réalisée fin septembre 1956, juste avant le départ de Jean Bruce pour son «tour du monde».
{3} Le MS Batory fut un paquebot transatlantique construit par un partenariat polono-danois,et fut un des premiers vaisseaux de prestige ayant appartenu à la Pologne. Durant ses années de service, il fit plus de 400 croisières sur tous les océans, aussi bien croisières commerciales que voyages touristiques, pour lesquels il visita plus de 150 ports partout dans le monde. Il fut démoli à Hong-Kong en 1971 (Cf. Wikipédia).
{4} Cf. “Qui ? Détective” n°562 du 8 avril 1957.
{5} Il fera ce «tour du monde» en 96 jours
{6} Cf. “Qui ? Détective” n°562 du 8 avril 1957.
{7} Une allusion explicite au journal satirique "Le Canard Enchaîné".
{8} Cf. “Plus fort que les espions : Jean Bruce” in Constellation n°126 d’octobre 1958. 70 volumes, en comptant les volumes précédemment publiés par le Fleuve Noir.
{9} Ibid.

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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 27 Avr - 19:13

Citation :
Enfin un pollueur.... mais du très estimé Jeandive !
Je désespérais (depuis Pfinge) de ne pas en avoir...

Le problème est que c'est tellement complet qu'on a rien à dire !
Ce qui ne nous empêche pas de suivre le fil
Encore bravo !
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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 1 Mai - 10:15

Confidence : Jean Bruce aux Presses de la Cité

IV - La “Collection Espionnage dirigée par Jean Bruce”

En 1959, les Presses de la Cité décident de créer une collection estampillée «Espionnage [dirigée par] Jean Bruce» {1}, dont la direction va être confiée à Jean Bruce lui-même {2}.
A cette date, la collection “Un Mystère”, dans laquelle Jean Bruce publie tous ses romans, approche de son cinq-centième titre. De nombreux romans d’espionnage ont envahi cette collection, créée au départ pour le roman à énigme ; plusieurs auteurs d’espionnage sont ainsi apparus et se sont fait un nom : outre Jean-Pierre Conty, qui vient de quitter les Presses de la Cité {3} pour rejoindre le Fleuve Noir - son premier éditeur, Michel Carnal, Alain Yaouanc, et, dans une moindre mesure, Gilles Morris-Dumoulin et Michel Lebrun, sont des auteurs récurrents dans la collection “Un Mystère”, notamment dans le registre de l’espionnage.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Gmd__j10 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Jean_b17
Un des traits de caractère de Jean Bruce était son immuable bonne humeur ; il n’hésitait pas par exemple à s’égayer avec ses collègues romanciers.
Ci-dessus, à gauche : Gilles Morris-Dumoulin et Jean Bruce, de part et d’autre de Maurice-Bernard Endrèbe, vont disputer une partie de tennis de table (cliché prélevé dans le
Qui ? Détective n°366 du 6 juillet 1953) ; à droite, Jean Bruce et Michel Lebrun se jaugent lors d’un improbable affrontement (cliché prélevé dans la revue Polar n°19 de mai 1981).

En réservant une collection pour ce genre de romans, la fameuse collection “Un Mystère” va très rapidement se tarir de ses titres d’espionnage, tandis que de nouveaux auteurs du genre, tels des transfuges des éditions Ditis / La Chouette, vont venir renforcer « l’écurie » de Jean Bruce (Bruno Bax, Bernard Cheyenne, Roland Piguet, …).
Dans cette collection se retrouvent bien entendu les nouveaux romans des auteurs d’espionnage précédemment cités et alors en contrat avec les Presses de la Cité, mais aussi ceux de jeunes auteurs à qui Jean Bruce, en tant que Directeur de Collection, donnera leur chance pour leurs premiers manuscrits {4}. Citons, sans être exhaustif, Jean-Jacques Steen, Alain Pujol, Fred Noro, Mike Cooper, Richard Caron… ; autant de nouveaux auteurs formés par ce que nous conviendrons d’appeler “L’Ecole d’Espionnage de Jean Bruce”.
Quant à notre romancier, il va y publier ses nouveaux romans, tous dorénavant d’espionnage ; mais il va aussi en profiter pour faire rééditer ses romans d’espionnage précédemment publiés aux Presses de la Cité.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions S1_00110 Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions S1_00210
Ci-dessus : Métamorphose à Formose – premier titre originale de la collection “Espionnage” des Presses de la Cité (#001) ; et Inch-Allah – premier titre réédité (#002).

A propos de ces rééditions, on notera l’absence, jusqu’au début 1963 et pour des raisons évidentes liées aux droits de copyright, de ses romans parus au Fleuve Noir. Or, à cette date, les éditions Fleuve Noir viennent de fusionner avec Les Presses de la Cité. Commencent alors à apparaître les rééditions des romans d’espionnage de Jean Bruce publiées par le Fleuve Noir entre 1949 et 1952, sans oublier les trois romans édités par le Fleuve en 1956 / 1957, signés Jean Bruce et proposant dans une version «renouvelée et remaniée» pour les rendre plus «espionnage», les trois premiers romans de l’auteur parus dans la collection “Spécial Police”.

Le collectionneur attentif aura remarqué que seuls les romans «d’espionnage» auront été réédités dans cette collection "Espionnage Jean Bruce", les romans «policiers» étant, eux, restés dans leurs collections initiales – aussi bien dans “Un mystère” aux Presses de la Cité que dans “Spécial Police” au Fleuve Noir. Il faudra attendre la reprise en mains des romans de Jean Bruce par sa veuve Josette Bruce, à partir de 1970, pour voir réapparaître, au titre d’une énième réédition relookée et réorganisée, titrée “Collection Jean Bruce”, ses romans policiers, noyés au milieu de ses romans d’espionnage. Un titre restera cependant absent de toute réédition : “Faut pas s’y fier !”, le quatrième titre de Jean Bruce paru en 1950 au Fleuve Noir dans sa collection “Spécial Police”, et dans lequel l’auteur faisait apparaître un nouveau héros : le détective Peter Larne {5}.

Notes :
{1} Les couvertures de cette collection porteront l’indication “Collection dirigée par Jean Bruce - Espionnage”, lorsque l’auteur du roman ne sera pas Jean Bruce, et “Jean Bruce Espionnage” lorsque l’auteur du roman sera Jean Bruce lui-même.
{2} J’ignore si c’est l’éditeur qui proposa cette création, ou si ce fut une idée de Jean Bruce lui-même.
{3} Il est hautement probable que la raison du départ de Jean-Pierre Conty des Presses de la Cité soit liée à la création de cette collection, dirigée et «noyautée» par Jean Bruce, c’est-à-dire par un sérieux concurrent !
{4} Voir l’interview de Josette Bruce pour la radio en 1973.
{5} Il est regrettable que ce titre n’ait jamais été réédité. C’est là la première aventure de Peter Larne, le détective privé, patron «opérationnel» de la Bath Detective Agency, basée à New York et créée et animée au départ par Hubert Bonisseur de la Bath. Peter Larne y est un succédané d’Hubert… tellement ressemblant que Jean Bruce fera loger Peter dans le petit hôtel “L’Univers”, rue Croix-des-Petits-Champs (page 119) – l’hôtel où descendait toujours Hubert quand il était en mission à Paris ; et qu’il fera parler Hubert, en lieu et place de Peter, au cours d’un des dialogues du roman (page 115) … C’est tout dire !

TontonPierre


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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyDim 3 Mai - 17:29

Confidence : Jean Bruce aux Presses de la Cité

V - Post Mortem

Le 26 mars 1963, Jean Bruce se tuait au volant de sa nouvelle “Jaguar”, sur la route de Chantilly vers Paris. Il devait s’envoler quelques jours plus tard pour les Etats-Unis, sur l’invitation de Pierre Salinger, alors porte-parole de la Maison Blanche, pour «vendre» son Hubert Bonisseur de la Bath – alias O.S.S. 117 – à un éditeur américain ; et il devait en profiter pour aller voir Charles Aznavour en concert au Carnegie Hall.
Son dernier roman «original», “Valse viennoise pour O.S.S. 117”, venait de paraître, juste après la première réédition d’un de ses titres parus dans la Collection Espionnage du Fleuve Noir : “L’Arsenal sautera”.
Son tout dernier roman d’espionnage sur lequel il avait commencé à travailler – "O.S.S. 117 à Mexico" – paraîtra fin 1963, l’écriture en étant terminée certainement par un de ses « élèves » de l’Ecole d’Espionnage qu’il avait créée.

Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Oss_1116
Ci-dessus : O.S.S. 117 à Mexico, «dernier» roman
de Jean Bruce, publié à titre posthume.


Quant à ses anciens romans d’espionnage initialement parus au Fleuve Noir, ils feront petit à petit l’objet d’une première réédition, jusqu’en 1965/66 {1}.
A cette date, le directeur des Presses de la Cité, Sven Nielsen, ayant épuisé depuis le décès de Jean Bruce les possibilités de réédition des titres de son auteur phare, va convaincre Josette Bruce de reprendre la plume qu’avait laissée son mari et de continuer à faire vivre de nouvelles aventures à Hubert Bonisseur de la Bath.
Josette Bruce fournira à son éditeur une première livraison de deux romans – “Halte à Malte” (son «premier» O.S.S. 117) et “Palmarès à Palomares”, qui formeront le début d’une série de 143 romans signés Josette Bruce et qui paraîtront aux Presses de la Cité entre 1966 et 1985.

Note :
{1} Seuls ses romans d’espionnage parus au Fleuve Noir dans sa collection “Espionnage” seront réédités dans cette collection «Espionnage dirigée par Jean Bruce» des Presses de la Cité ; les titres de Jean Bruce de la collection Spécial Police du Fleuve Noir (hormis les trois premiers qui avaient été retouchés et remaniés pour pouvoir être insérés dans les collections d’espionnage) seront réédités dans la collection Un Mystère, repérés par un bandeau “Jean Bruce Détective”.

TontonPierre - avril 2020


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MessageSujet: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyJeu 7 Mai - 8:48

Confidence : Jean Bruce
«L’Ecole d’Espionnage» de Jean Bruce

1959. Jean Bruce est au sommet de son art et de sa popularité. Voilà maintenant dix ans qu’il a publié son premier roman, tiré à l’époque à quelques milliers d’exemplaires seulement. A présent, chacun de ses nouveaux titres est imprimé à 150.000 exemplaires ! Les tirages élevés et les réimpressions, les interviews, les émissions télévisées, un Grand Prix d’espionnage obtenu fin 1958 pour son roman “Panique à Wake” – premier Grand Prix d’Espionnage décerné par les Presses de la Cité, bientôt le montage d’une seconde pièce au théâtre tirée de son roman “Plein Gaz pour O.S.S. 117”,… tout concourt au succès du romancier !
Et avec le succès est venu la célébrité et la fortune ; presque la démesure... Désormais, Jean Bruce est riche. Il va d’ailleurs quitter le petit pavillon moderne qu’il occupe dans la forêt de Lys-Chantilly et où il range dans le garage sa gigantesque Buick noire garnie de cuir rouge {1}, pour s’installer, l’année qui vient, dans une nouvelle et grande demeure, en bordure du terrain d’entraînement des chevaux de courses de Chantilly, qu’il baptisera le Pavillon Saint-Hubert, en référence à son indéfectible héros {2}. Et il a par ailleurs réussi récemment à convaincre la Duchesse de Noailles, propriétaire du château de Champlatreux, près de Chantilly, de permettre l’utilisation de ses écuries et du parc de son château par le «Club hippique de Chantilly», un club qu’il vient de fonder et dont il en est tout naturellement le Président.

C’est aussi cette année-là qu’une idée germe conjointement dans l’esprit de Jean Bruce et dans celui de son éditeur, Sven Nielsen : monter quelque chose de très fort pour asseoir la prédominance des Presses de la Cité dans le petit monde très concurrentiel du roman d’espionnage ; notamment en regard de ce que font les Editions du Fleuve Noir avec leur collection Espionnage qui ne produit pas moins de quatre titres par mois.
C’est ainsi que les Presses de la Cité créent vers la fin 1959 une “Collection Espionnage dirigée par Jean Bruce”, qui va accueillir, outre les romans de Jean Bruce lui-même, ceux d’un certain nombre d’autres auteurs, au départ plus ou moins spécialisés dans le genre, ainsi que ceux de jeunes inconnus que Jean Bruce va aider à faire éclore et se faire connaître dans le registre des histoires d’agents secrets. C’est dans cette espèce de «conservatoire», dirigé par Jean Bruce, que ces futurs auteurs vont être formés {3}. D’où l’appellation “Ecole d’espionnage de Jean Bruce” que nous suggérons.

Il y en aura un qui ne sera pas du tout séduit par cette idée : c’est Jean-Pierre Conty, «le» concurrent - s’il fallait en désigner un - de Jean Bruce aux Presses de la Cité. Celui-là écrit lui aussi, et depuis six ans, dans le domaine de l’espionnage, là-même où Jean Bruce publie ses romans : dans la Collection Un Mystère. Jean -Pierre Conty y est un «best-seller», avec ses aventures de M. Suzuki. Au moment de la création de cette nouvelle collection et de cette école - dont il n’a nul besoin, Jean-Pierre Conty quitte «les Presses» pour s’en retourner au « Fleuve », l’éditeur qui lui avait donné sa chance en 1952 et édité quatre de ses romans sous la signature de Jean Crau.

***

De son vivant, Jean Bruce n’aura pas beaucoup l’occasion de nous parler de cette «Ecole d’espionnage». Tout au plus aurons-nous un retour d’interview donnée en 1960 à un journaliste de Sud-Ouest qui mentionnait : «Est-ce Jean Bruce qui a donné au roman d’espionnage la vogue qu’il semble ravir de plus en plus au roman policier ? En tout cas, il s’emploie à la soutenir en lançant de nouveaux auteurs. Fait assez rare, il entend donner leur chance à beaucoup de jeunes et vient de fonder une équipe composée d’authentiques agents secrets dont le violon – si l’on ose dire en parlant de policiers – dont le violon d’Ingres est le roman.» {4}

Dans sa présentation biographique “Jean Bruce, «le boss»” du magazine dédié à l’espionnage “001, le mensuel de l’espionnage”, Claude Pennec sera le premier en 1967 à nous parler de cette «école» d’espionnage créée par le romancier. Une présentation visiblement issue de la lecture d’articles de presse publiés du temps du vivant de Jean Bruce et d’une interview de Josette Bruce au Pavillon Saint-Hubert de Chantilly :
«Arrivé au sommet de son succès, il prend le temps de s’occuper des autres : il lit les premiers manuscrits, intervient pour les faire accepter, conseille les nouveaux auteurs, quelquefois même leur prête l’argent nécessaire pour travailler l’esprit tranquille. Chaque semaine, “l’écurie Bruce” se réunit aux Presses de la Cité. Réfrigérateur d’appartement, ambiance décontractée. Le “boss” est une sorte de “producer” à l’américaine, c’est-à-dire un inspirateur, un metteur en confiance, un déclencheur d’idées.»{5}


Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions Jean_b19
Ci-dessus, Jean Bruce lors d’une réunion aux Presses de la Cité. Photo prélevée dans l'article
“Jean Bruce, le « boss »” de Claude Pennec. La légende indiquait :
"EN MANAGER... Pour ses confrères, il était toujours un conseiller utile. Ici, pendant une réunion aux "Presses de la Cité"."

Un peu plus tard, Josette Bruce nous parlera elle aussi de cette période :
«Jean Bruce a eu, à un moment donné, quelque temps avant sa mort, une Collection Jean Bruce, dans laquelle il acceptait, et il donnait leur chance à de jeunes auteurs, pour leur(s) premier(s) manuscrit(s) ; il les aidait beaucoup, il les conseillait ; et cette collection, donc, englobait les «Jean Bruce» et les auteurs nouveaux, qui signaient de leur nom bien sûr, mais qui faisaient partie de la Collection.»{6}
Ou encore :
«Je m’occupais de la collection que Jean Bruce dirigeait, deux ans avant sa mort, où il accueillait de jeunes auteurs. Je lisais beaucoup de manuscrits et me rendait compte que certains, parfois excellents, copiaient plus ou moins inconsciemment le style et les sujets de mon mari. Celui-ci a même parfois recommencé un roman et fait passer celui du jeune auteur qui avait eu la même idée que lui.» {7}

En tout cas, le dernier roman signé Jean Bruce – O.S.S 117 à Mexico – qui fut publié plusieurs mois après sa mort , fut certainement terminé d’écrire par un ou plusieurs «élèves» de son école…

***

Au moment du décès accidentel de Jean Bruce, France-Soir rapportait que le romancier, «amateur de mystifications, […] donnait des cours d’espionnage et faisait des conférences, qui se terminaient par des séances de tir « pour évacuer plus vite la salle.» {8}
Et Paris-Match n’hésitait pas, lui, à colporter le ragot de la création d’une école de [contre-] espionnage privée : «Un jour, un bruit court à travers Paris, Jean Bruce aurait créé une école d’espionnage. Et de graves hommes d’affaires vinrent demander leur inscription à ce collège.» {9}
Certainement ne fallait-il voir là que le début d’un mythe… celui de « l’espion » Jean Bruce !

Le décès brutal du romancier début 1963 sonna la fin de «l’école d’espionnage» qu’il avait créée. Les romanciers de la série furent accueillis, pour ceux qui le voulurent (notamment Michel Carnal, Richard Caron, Mike Cooper, Roger Faller, Gilles Morris-Dumoulin, Fred Noro et Alain Yaouanc), par le Fleuve Noir, qui venait de fusionner avec les Presses de la Cité l’année précédente.

Notes :
{1} Cf. “Un écrivain qui a trouvé la bonne manière”, de Philippe de Baleine – in Paris Presse L’Intransigeant du 2 juillet 1958.
{2} Le Pavillon Saint-Hubert : 8 avenue du Général Leclerc, Chantilly.
{3} Parmi les néophytes qui rejoindront cette Collection Espionnage dirigée par Jean Bruce, citons Alain Pujol, Jean-Jacques Steen, Fred Noro, Mike Cooper, Michel Bertin, Richard Caron – ce dernier co-écrira par la suite des scénarios de quelques-uns des films d’O.S.S. 117.
{4} Interview menée dans une «cave» de Saint-Germain-des-Prés par Jean Prasteau et publiée dans le journal Sud-Ouest du 13 octobre 1960 sous le titre “Dans le secret des millionnaires du livre”. Notons au passage qu’Alain Pujol, qui venait d’entrer fin 1959 dans «l’équipe Jean Bruce», était lui-même journaliste au journal Sud-Ouest, et donc collègue de Jean Prasteau. Ceci semble expliquer cela…
{5} “Jean Bruce, le « boss »”, in “001 le mensuel de l’espionnage” n°1, juin 1967.
{6} Interview de Josette Bruce en 1973 pour “Les Nuits de France Culture”.
{7} “Josette Bruce : Les auteurs et leurs œuvres” – Agathe (photoromans) n°72, mars 1975
{8} Cf. France-Soir “Dernière Spéciale” du 27 mars 1963.
{9} Cf. Paris-Match du 6 avril 1963

TontonPierre


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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 25 Mai - 16:05

A propos de Josette Bruce, dont la BnF n'est pas certaine de l'année de naissance: penser à consulter sa fiche INSEEqui donne 1920-1996, avec une naissance à Brême (Bremen  en Allemagne) et un décès à Creil (Oise).

https://www.geneanet.org/fonds/individus/cercles/?sourcename=colgnecminsee&cercle=&ignore_each_patronyme=&ignore_each_prenom=&ignore_each_profession=&ignore_each_patronyme_conjoint=&prenom_conjoint_operateur=or&ignore_each_prenom_conjoint=&ignore_each_place=&type_periode=between&exact_day=&exact_month=&exact_year=&ignore_each_patronyme_pere=&prenom_pere_operateur=or&ignore_each_prenom_pere=&ignore_each_patronyme_mere=&prenom_mere_operateur=or&ignore_each_prenom_mere=&cercle=&sexe=&nom=Przybyl&ignore_each_patronyme=&prenom=josefa&prenom_operateur=or&ignore_each_prenom=&profession=&ignore_each_profession=&nom_conjoint=&ignore_each_patronyme_conjoint=&prenom_conjoint=&prenom_conjoint_operateur=or&ignore_each_prenom_conjoint=&place__0__=&voisinage=&ignore_each_place=&zonegeo__0__=&country__0__=&region__0__=&subregion__0__=&place__1__=&zonegeo__1__=&country__1__=&region__1__=&subregion__1__=&place__2__=&zonegeo__2__=&country__2__=&region__2__=&subregion__2__=&place__3__=&zonegeo__3__=&country__3__=&region__3__=&subregion__3__=&place__4__=&zonegeo__4__=&country__4__=&region__4__=&subregion__4__=&type_periode=between&from=&to=&exact_day=&exact_month=&exact_year=&nom_pere=&ignore_each_patronyme_pere=&prenom_pere=&prenom_pere_operateur=or&ignore_each_prenom_pere=&nom_mere=&ignore_each_patronyme_mere=&prenom_mere=&prenom_mere_operateur=or&ignore_each_prenom_mere=&with_parents=0&go=1
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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyLun 25 Mai - 16:52

Dans le 4e chapitre de son étude, Tonton Pierre avance l'argument suivant:
Citation :
A propos de ces rééditions [aux Presses de la Cité], on notera l’absence, jusqu’au début 1963 et pour des raisons évidentes liées aux droits de copyright, de ses romans parus au Fleuve Noir.

SI la raison en est le copyright, comment alors expliquer que dès septembre 1962, avant le décès de l'auteur, la collection "Un Mystère" des Presses de la Cité a entrepris (au n°632) la réédition des romans mettant en scène Peter Larne parus dans la collection « Spécial-Police » du Fleuve Noir, à partir de 1950? Pourquoi ce qui aurait été possible pour le policier ne l'aurait pas été pour l'espionnage?
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MessageSujet: Jean Bruce à la Potinière   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyJeu 28 Mai - 17:18

Pour patienter jusqu'à ce que Tonton Pierre puisse reprendre le fil de sa passionnante étude, voici un dépliant du théâtre de la Potinière où a été représentée, en 1955, l'une des deux pièces de théâtre tirées de l'oeuvre de Jean Bruce!
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MessageSujet: Re: Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions   Bruce, Jean & OSS 117 - Confidences et Indiscétions EmptyVen 29 Mai - 17:03

J'essaie de trouver le remède à mes lignes trop "longues", mais sans succès jusqu'ici.
Je pensais qu'il suffisait que je recharge les messages mis en ligne précédemment, mais cela ne fonctionne pas.

En faisant la commande via un click "droit" (sur un quelconque message) "Actualiser le cadre", on retrouve pendant quelques secondes la taille d'origine
des messages, mais cette taille d'origine revient au bout d'une seconde environ au format actuel.
En allant, tjrs via un click droit sur la commande "Inspecter", je constate que la dimension horizontale du cadre (le "padding") est environ 15 fois supérieur
aux dimensions des cadres des autres topics. La dimension horizontale du padding du topic que l'ai créé (Confidences Jean Bruce...) est de 9698.670 px, alors que celle du topic
Collection espionnage Jean Bruce n'est que de 625.333 px (soit ~15 fois moins). Ceci explique évidemment que les lignes de mon topic vont jusqu'à... perpète !

Je n'ai pas trouvé le moyen de remettre le "padding" en question aux bonnes dimensions. Je n'en ai d'ailleurs peut-être pas le droit, n'étant pas administrateur du site.
Il me semble cependant que cette modification  inopinée de format vient d'une mauvaise manip que j'aurais faite, sans m'en apercevoir... d'où l'idée que je devrais pouvoir corriger le pb moi-même.

J'ai essayé aussi de visualiser (tjrs via un ckick droit) le "code source du cadre".... mais je n'ai rien compris....
Quelqu'un(e) pourrait-il(elle) me faire part de ses conseils, à ce sujet ???

merci d'avance.

TontonPierre
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