Ce forum est dédié à ce qu'on nomme littérature populaire, littérature marginale, autre littérature, paralittérature |
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| Pierre Sales | |
| | Auteur | Message |
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pfinge Zigomar
Nombre de messages : 6395 Date d'inscription : 13/08/2007
| Sujet: Pierre Sales Sam 1 Mar - 0:05 | |
| Auteur prolifique, qui eut beaucoup de succès, curieusement pour son époque où les écrivains se "particulaient", il a abandonné la sienne. Il s'appelait Pierre de Sales, né à Tarbes en 1854, décédé à Paris le 9 avril 1914. Il a collaboré au Petit Parisien, au Matin, au Figaro, et a également écrit quelques pièces de théâtre. Ci-dessous, une bibliographie non exhaustive. Beau page 164 Le livre populaire 1F75 Arthème Fayard 1925 Le docteur Miracle 184 Le livre populaire 2F25 Arthème Fayard 1926 Le secret du fakir 185 Le livre populaire 2F25 Arthème Fayard 1926 Fille de prince 242 Le livre populaire 2F25 Arthème Fayard 1929 Premier prix d'opéra 243 Le livre populaire 2F25 Arthème Fayard 1929 Coqueluche Ier 215 Le livre populaire 4F Arthème Fayard 1928 Le sergent Renaud 229 Le livre populaire 4F Arthème Fayard 1928 Fille de soldat ?112 Le livre populaire 65c Arthème Fayard L'enfant du péché 24 Le Roman complet Arthème Fayard 1950 Elles vont à l'amour... 28 Le Roman complet Arthème Fayard 1950 Petite maman 41 Le Roman complet Arthème Fayard 1951 La femme endormie 60 Le Roman complet Arthème Fayard 1953 Viviane de Montmoran 2 Les batailles de l'amour Ernest Flammarion Marquis de Trevenec 5 Les batailles de l'amour Ernest Flammarion Le sergent Renaud 10 Les batailles de l'amour Ernest Flammarion L'honneur du mari 1 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913-02-20 Le rachat de la femme 2 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913-03-20 Le corso rouge 3 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard L'écuyère 4 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard Miracle d'amour 5 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard Le péché de la marquise 6 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913-07-20 La fille de Don juan 7 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913-08-20 Sa femme 8 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913-09-20 Les larmes de l'amour 9 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913 Les filles de la morte 10 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913 Les Habits-Rouges 11 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1913 Le cœur de Césarette 12 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard Les millions d'outre-mer 13 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1914 Pour les péchés des autres 14 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard Le secret du bonheur 15 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1914 Le roi de l'acier 17 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1914 Le roi de l'or 18 Les grands drames de l'amour Arthème Fayard 1914 Le puits mitoyen 4 Les grands romanciers populaires Fayard La femme endormie 10 Les grands romanciers populaires Fayard 1938 L'enfant d'une vierge 2 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard 1914-03-01 Moins fort que l'amour 16 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Le diamant noir 26 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La femme endormie 36 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Le puits mitoyen 50 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard L'enfant du péché 59 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Passions de jeunes filles 60 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Femme et maîtresse 76 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Marthe et Marie 77 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Vipère ! 87 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Orphelines ! 88 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Sacrifiée 96 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Pierre Sandrac 97 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Chaîne dorée 105 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Olympe Salverti 106 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Un drame financier 115 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Trahison 116 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Louise Mernans 126 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Jeanne de Mercoeur 134 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Amour et millions 143 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La conquête 144 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La fée du Guildo 168 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La malouine 169 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La jolie midinette 181 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard La cigale ayant pleuré... 182 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Elles vont à l'amour... 220 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard Nous allons au plaisir... 221 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard amour contre amour 251 Les maîtres du roman populaire Arthème Fayard | |
| | | Vor-Teks Cagliostro (la)
Nombre de messages : 101 Date d'inscription : 05/01/2011
| | | | barillier Todd Marvel
Nombre de messages : 896 Age : 67 Localisation : Bourges Date d'inscription : 03/03/2010
| Sujet: Pierre Sales Sam 1 Mar - 23:41 | |
| Bonsoir, Pierre Sales L'enfant du péchéEditions des Romanciers 5 rue Palatine Paris (VIe) Imp A.Munier 132 Bd Malesherbes Paris 125 Feuilles soit 995 pages 1ere feuille Exceptionnellement 5 centimes puis 10 centimes Superbes ilustrations couleur de Ch.Clérice A)Présentation B)Quelques illustrations A suivre... Gilles | |
| | | barillier Todd Marvel
Nombre de messages : 896 Age : 67 Localisation : Bourges Date d'inscription : 03/03/2010
| Sujet: Pierre Sales Dim 2 Mar - 0:10 | |
| Suite A la fin de cette édition un encart Avis Aux lecteurs de "L'enfant du péché"Agrafé à la dernière feuille n°125 la première livraison "Le Fils de Cartouche" de Camille Debans,illustré par RobidaPrésentation A+ Gilles | |
| | | pfinge Zigomar
Nombre de messages : 6395 Date d'inscription : 13/08/2007
| Sujet: Re: Pierre Sales Dim 2 Mar - 18:04 | |
| D'après Charles Moreau , il serait en fait né en 1856 à Trie-sur-Baïse ( Hautes Pyrénées). | |
| | | Maciste Zigomar
Nombre de messages : 6186 Age : 55 Localisation : Beaujolais et Coutançais Date d'inscription : 10/10/2007
| Sujet: Re: Pierre Sales Lun 3 Mar - 9:57 | |
| Ses romans sont regroupés en cycles: - Aventures parisiennes - Comédie parisienne - Les Rois du monde | |
| | | Arphadax She
Nombre de messages : 1471 Age : 56 Localisation : Nord Date d'inscription : 06/04/2010
| Sujet: Re: Pierre Sales Mer 1 Mar - 13:51 | |
| Les batailles de l'amour / Flammarion / 16 volumes / 192 pages 1 à 4 : Viviane de Montmoran / 1911 5 à 8 : Marquis de Trevenec / 1912 9 à 12 : Le sergent Renaud / 1912 13 à 16 : L'américaine / 1913 Quelques jolis scans à capturer avant qu'ils ne retournent au néant ici... https://www.delcampe.net/fr/collections/search?search_mode=all&excluded_terms=&is_searchable_in_descriptions=0&is_searchable_in_translations=0&term=SALES+Pierre+Les+batailles+de+l%27amour&show_type=all&display_ongoing=ongoing&started_days=&started_hours=&ended_hours=&display_only=ongoing&min_price=&max_price=¤cy=all&seller_localisation=&view=gallery&order= à priori, une couverture générique pour chacune des 4 parties, grandement merci au vendeur qui nous a même fait des scans des dos, c'est peu fréquent : autant le signaler ! (numérotation en chiffres romains au dos) | |
| | | Vor-Teks Cagliostro (la)
Nombre de messages : 101 Date d'inscription : 05/01/2011
| Sujet: Re: Pierre Sales Mer 1 Mar - 14:52 | |
| Pour info : Pierre Sales – Les Microbes pacificateurs (1887), à lire sur l'Amicale Des Amateurs de Nids A Poussière (ADANAP). - Citation :
- Il se passa alors un phénomène inouï. Un vieux microbe entra dans la tête de Jean Vidalou, en passant par le nez, et lui tint le langage suivant :
— Que vas-tu faire, Vidalou ?…, Y songes-tu !… Tuer un homme ! Tuer ce Victorin Ramodans [...] ?
Pendant ce temps, un autre microbe, un patriarche, se glissait, par les yeux, dans le cerveau de Ramodans, et lui parlait avec sagesse :
— Ramodans, arrête-toi ! Tu n’as pas le droit de tuer ton semblable !… | |
| | | chachakk Yanez
Nombre de messages : 2226 Date d'inscription : 29/09/2014
| Sujet: Re: Pierre Sales Mer 1 Mar - 17:51 | |
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| | | jeandive Le Maître des Forges
Nombre de messages : 835 Date d'inscription : 19/01/2009
| Sujet: Re: Pierre Sales Lun 25 Nov - 22:18 | |
| histoire de sauvegarder l'article en cas de disparition de site ( C.Moreau étant décédé) je mets ses articles ici https://fantastik2001.blogspot.com/2013/08/pierre-sales-1ere-partie.html
PIERRE SALES - LA MORT D'UN ECRIVAIN DE ROMANS POPULAIRES ( charles moreau)
Le vendredi 3 octobre 1913, dans l'après-midi, le romancier bien connu, Pierre Sales fit une chûte en glissant sur le trottoir dans la rue du Havre ou Place du Havre, le lieu est différent selon les journaux, et Le Siècle, du 10 avril 1914 (n° 38841) rappelant l'incident en première page, lors du décès, indiqua la rue Lafayette. Il se cogna donc le crâne et s'ouvrit le cuir chevelu se faisant une plaie qui saigna abondamment. Des passants, l'aidèrent à se relever et le conduisirent dans une pharmacie, non loin de là, où les premiers soins lui furent donné pour arrêter l'hémorragie. Peu après, on le mena à l'Hôpital Beaujon, où la plaie fut soignée et où un pansement lui fut posé. Après quoi, il put regagner son domicile. Des amis, émus par cet accident, dès qu'ils en eurent l'occasion, lui rendirent visite et ils eurent la satisfaction de le trouver à sa table de travail dans son bureau où il les reçu comme si de rien était. A Beaujon, on lui avait cependant recommandé le repos, mais cédant à son besoin d'activité, il s'était remis à son travail ce qui acheva de l'épuiser. Cependant cet accident ne fut, peut-être, pas sans conséquences. Le vendredi 10 avril à une heure du soir, de l'année 1914, il mourait à son domicile, (sur le coup de 11h30 précisèrent les journalistes), au 7 rue Blanche où il résidait depuis vingt ans, des suites d'une affection grippale. Il est vrai, qu'à cette époque, la tuberculose et la grippe ravageaient l'armée et le pays. Les journaux presque en totalité annoncèrent sa mort, sans s'étendre, se contentant d'indiquer que les obsèques auraient lieu le samedi 11, à deux heures, à l'église de la Trinité et que l'intéressé serait inhumé au cimetière St Vincent. Le Gaulois du 10 avril (n°13327) annonça cette mort en première page dans un Bloc-Notes intitulé « Romanciers Populaires », signé Tout Paris. Ce Bloc-notes signalait ainsi d'une manière lapidaire : « M. Pierre Sales dont nous annonçons par ailleurs la mort prématurée, s'était acquis par la publication de ses feuilletons, qui parurent surtout dans le Petit Journal, une renommée assez étendue et la faveur d'un public nombreux. Par ce succès, comme par la forme de son talent et le choix de ses sujets, il appartenait à cette catégorie de littérateur que l'on est convenu d'appeler les romanciers populaires »... et il s'en suivait une courte étude sur ladite littérature qui serait apparue vers 1840, à travers l'évocation des noms des principaux écrivains de l'époque, Eugène Sue, Ponson du Terrail, Xavier de Montépin, Paul Féval, Pierre Maël, Georges Ohnet, Pierre Decourcelle, et Gaston Leroux. En conclusion, Tout Paris ajoutait : « On aurait tort de médire du Roman Populaire et de dénigrer un genre que les dédaigneux seuls doivent traiter de subalterne. Il met en valeur une des qualités de notre race qui est de conter, et il satisfait un des goûts qui est d'aimer l'action dans la fable comme dans la vie. Il renoue avec une tradition, il est la chanson de geste du Français contemporain. » Le Figaro du dimanche 12 avril 1914 (n°102) retrace avec bon nombre de détails sur la famille, les amis et les autorités présentes la cérémonie des obsèques de Pierre de Sales qui eut le samedi après-midi à l'église de la Trinité. Après la cérémonie religieuse, le cortège des personnes qui accompagnèrent le romancier à sa dernière demeure dans le cimetière de St Vincent à Montmartre vint donc lui rendre un dernier hommage. Le Figaro précise : « Des couronnes avaient été envoyées par la Société des Gens de Lettres, la Société des Auteurs dramatiques, les Hauts-Pyrénéens à leurs compatriotes, la Société de secours et de retraite du personnel du Petit-Journal à son bienfaiteur, etc... Le deuil était conduit par MM. Maurice Bauche, gendre du défunt ; le docteur Bernard de Sales, son frère ; le docteur Le Tellier, son beau-frère, et ses cousins. » Dans l'assistance, outre des personnalités et des connaissances dont nous ne donnerons pas les noms, on pouvait noter, au niveau littéraire, la présence de M. et Mme Jules Mary, Marc Mario, Gustave Toudouze, Ernest Flammarion, Poulbot, Henry Kéroul, et Armand Lévy. L'inhumation au Cimetière St Vincent à Montmartre se fit après les discours prononcés par M. Jean Julien, délégué de la Société des Gens de Lettres et par Adolphe Brisson, au nom de la Société de la Critique dramatique. Un compte-rendu très proche fut fait par L'Echo de Paris (n°10835) à la même date. Sa tombe existe toujours au cimetière St Vincent dans la 5e Division. Pierre Sales avait écrit une soixantaine de romans et en laissait une dizaine inachevés ou terminés (le doute reste encore puisque les journalistes émettent des avis différents suivant les compte-rendus) montrant par là, combien il avait été un écrivain prolifique et une bonne partie de son œuvre lui avait permis de créer de nombreuses adaptations pour le Théâtre qui toutes avaient été très bien accueillie.
Pierre de Sales naquit le 22 décembre 1856, à Trie sur Baïse (Hautes-Pyrénées) donc ni à Tric, ni à Tarbes, ni en 1854, comme l'ont affirmé beaucoup de journalistes de l'époque. Il était le fils de Jean, Rose, Élisabeth, Albert de Sales et de Émilie, Thérese Guénin. Son père exerçait la profession de Contrôleur des Contributions directes dans la région. Son éducation ne fut pas négligée pas plus que celle de son frère Bernard qui devint médecin. Ce qui certain, c'est qu'il fit une partie de ses études à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et à Toulouse, avant de monter à Paris pour y exercer très jeune la profession de journaliste. Mais auparavant, il voyagea en Angleterre, pays qui ne lui laissa pas que de bonnes impressions et à son retour, il entra dans une maison de banque et de commission avant de se consacrer au roman populaire, on verra dans quelles circonstances. On retrouvera ainsi, dès ses débuts, dans la plupart de ses romans, son goût pour les chiffres et les situations financières donc venant et de l'héritage paternel et de cette si brève formation bancaire qui lui permis de connaître la corbeille. Son goût pour l'écriture commença par se manifester dans de brèves nouvelles qu'il arriva à placer dans divers journaux, telle La Valse 12 dans La Vie Populaire (n°18) du 28 février 1884 et que, beaucoup plus tard, il réunira en un volume intitulé Mariage manqué (1888), publié chez Flammarion. La nouvelle Le Mariage manqué serait en fait la première qu'il aurait écrite (Le Gaulois (n°2172), du 9 août 1888. Son premier roman naquit dans des circonstances assez particulières qui sont relatées d'une manière très détaillée par Jean d'Epinay dans Le Matin (n°6085) du mardi 23 octobre 1900, sous le titre PIERRE SALES, Les débuts d'un romancier, chronique sur deux colonnes à la une, destinée à présenter l'auteur en l'honneur de la publication d'un nouveau grand roman dans le même journal et intitulé Les Habits Rouges qui avait été annoncé depuis de nombreux jours par forces articles. En tête des deux colonnes centrales, un portrait de l'auteur donnait une bonne idée du physique de celui-ci au début des années 1900 : «Il y a une quinzaine d'année (donc environ en 1885), une famille se trouvait réunie dans le jardin d'une villa avoisinant Paris et s'entretenait, non sans une pointe d'inquiétude, de la grave décision que venait de prendre un de ses membres, de quitter la voie des affaires, qu'il avait suivi jusqu'alors pour se lancer dans la carrières des lettres ; car, bien que le futur écrivain eût été un audacieux et un travailleur, on ne pouvait envisager, sans de l'angoisse même, l'inconnu vers lequel il se lançait, et où personne ne pouvait le guider ni l'aider, puisque ni lui ni les siens n'avait la moindre relation dans le monde littéraire. Et puis, dans le domaine immense du Livre, du Journal, du Théâtre, vers quel but précis se dirigerait-il ? Il avait bien fait quelques tentatives déjà, bouts d'articles, reportages, nouvelles à la main, même un essai de roman psychologique... mais tout cela si vague encore, si incertain ! Une aimable vieille tante lui dit tout à coup : - Fais donc du roman judiciaire, et tu seras lu. Le jeune auteur hausse dédaigneusement les épaules, jugeant la chose bien trop aisée pour lui ; et il le dit même, avec la belle exubérance de la jeunesse qui ne doute de rien : - Mais j'en ferai quand je voudrai ! - Essaie donc... Et tu verras que c'est peut-être plus difficile que tu ne l'imagines. - Bah !... Et... tenez ! A cet instant, on entendit le bruit d'un seau tombant dans un puits, commun à la petite villa et à un jardin voisin. - Tenez ! Un roman judiciaire ? Mais en voici un ! Et moitié rieur, moitié sérieux, il fait un pas vers le puits. - Vous avez bien entendu ce seau ?... Ou, du moins, vous avez cru entendre tomber le seau... Mais vous vous êtes trompés ; c'est... c'est … Il chercha bien vingt secondes. - C'est un cadavre... oui, un cadavre, qu'on vient... que nous venons, mon frère et moi... ou l'un de nous seulement, ou tout autre, à qui il plaira de nous accuser demain... Bref, c'est un cadavre qu'on vient de jeter là, la nuit. Et c'est... c'est... Encore dix secondes de réflexion : - Ce cadavre, c'est celui de notre oncle... que tout le monde attend d'Amérique... ou des Indes... et donc nous ignorions l'existence, il y a deux mois... Mais il nous a avisé de son retour, en nous annonçant qu'il était riche et, nous deux, si unis jusqu'alors, nous nous sommes brouillés, pour l'héritage à venir... Et, quand on découvrira ce cadavre, ici, demain matin, nous... nous nous accuserons mutuellement, et très injustement, puisque nous serons aussi innocent l'un que l'autre, et que le crime aura été commis par... par... Le conteur s'arrêta ; et voilà que, tout en ayant l'air de le blaguer, on l'écoutait, bouche bée. - Eh, bien ? Fit-on ! - Voilà... Diable ! Par qui le crime a-t-il été commis ? Eh ! Je n'en sais rien !... Et, d'ailleurs, si je le savais, ça n'aurait plus d'intérêt... puisqu'il faut que je le découvre !... Mais ce que je sais, pertinemment, c'est que chacun de nous a une fille... que ces filles sont aimées par d'aimables et courageux jeunes gens, qui vont prendre notre défense, se battre, se réconcilier... et puis... et puis découvrir le criminel, en allant aux Indes... ou en Amérique... Et que cela se terminera par deux mariage. Le conteur en resta là. On se moqua de son histoire, et il fit chorus avec les moqueurs. Mais une clairvoyante sollicitude veillait sur lui, et lui disait, le soir même : - Savez-vous que, malgré tous les rieurs, c'est le début d'un charmant roman que vous nous avez conté là ? - Croyez-vous ? Et cela plairait, sûrement, aux lecteurs du Petit-Journal. - Tiens !... Qui sait, après tout ?... Et dans la nuit même, le jeune auteur bâtissait son plan ; et le jour était à peine levé, le lendemain, qu'il commençait de l'écrire. Cinq semaine plus tard, le roman était achevé... » Pierre Sales porta son manuscrit, le déposa dans une case de la conciergerie du Petit-Journal et trois semaines plus tard, une lettre de l'éditeur Marinoni le convoquait pour lui apprendre que son roman allait paraître dans le journal, un mois après. Ce premier roman publié s'intitule Le Puits mitoyen et suis fidèlement le plan imaginé devant nous par l'auteur qui y rajouta une seconde partie se déroulant aux Indes beaucoup plus animée et pleine d'aventure où nos deux « détective », le mot n'est pas prononcé, recherche le criminel et ses complices. L'histoire se finit comme prévue par deux mariage. Le roman de Pierre Sales se lit facilement et vaut bien par son réalisme toutes les intrigues caviardées de nos romans policier actuels. Il paru donc dans ce fameux Petit-Journal (n°8087) le dimanche 15 février 1885 jusqu'au 23 mai de la même année. L'article de Jean d'Epinay précise qu'il remporta « un très jolie succès malgré la jeunesse et l’inexpérience de l'auteur». Succès confirmé par l'édition en volume, la même année et chez Calmann-Levy. Pierre Sales écrivit d'autres romans judiciaires avec des intrigues plus complexes et empreintes parfois de considérations psychologiques et sociales importantes. Mais il fit mieux lorsqu'il publia Le Sergent Renaud (Flammarion, 1898), ce que confirme Jean d'Epinay vers la fin de son article « certainement l’œuvre la plus touchante que Pierre Sales ait écrite. Ce fut ajoute-t-il une révolution dans le roman populaire. Plus de crimes ! Plus d'horreurs ! Plus d’invraisemblances ! La vie toute nue ; les types que nous rencontrons chaque jour ; les moyens d'action les plus simples ». « Le succès en fut prodigieux. Et dès lors, Pierre Sales, entraînant l'immense public avec lui pouvait lui donner tout autant des études que des romans, le promenant dans tous les mondes, dans toutes les industries, faisant la campagne du Tonkin avec Viviane (Le Petit Parisien, 1890), descendant dans les mines d'Anzin, avec Miracle d'Amour (Le Bon Journal, 1894), parcourant les usines, les filatures du Nord avec L'Enfant du Péché (Le Petit Parisien, 1896) , les tissages de Normandie avec Femme et Maîtresse (Le Petit Parisien, 1892), courant à la folie du Carnaval de Nice avec Le Corso Rouge (Le Petit Parisien, 1892-1893), et tout récemment faisant vivre tout le Transvaal et la fièvre des mines d'or à Paris, avec La Course aux Millions (publié dans le Petit Parisien sous le titre La Mariquita, 1897, le titre global donné plus tard par Flammarion et Fayard sera La Course aux Millions)... » Charles Moreau
Pierre Sales est donc né à Trie sur Baïse, le 23 décembre 1856 : il est de quelques mois plus jeune que Pierre Decourcelle, de quelques années plus jeune que Jules Mary. Les recherches laissent apparaître qu'il avait un frère aîné, Bernard, né en 1851 et qui deviendra plus tard médecin (il apparaîtra dans l'acte de mariage de son jeune frère, Pierre Sales). Son père, Jean Rose Elisabeth Albert Sales est âgé de quarante deux ans lorsque naît notre futur romancier. Il est contrôleur des Contributions directes dans la circonscription dont dépend probablement Trie. Il a 73 ans et est à la retraite lorsque Pierre Sales se marie, le 25 décembre 1887. Jean Rose Sales a lui aussi un frère, Henri, qui deviendra Président du tribunal civil de Tarbes et membre du Conseil général des Hautes Pyrénées. L'épouse de Henri Sales est née Lucienne de Combes. Leur fils Gabriel de Combes sera lui aussi témoin au mariage de Pierre Sales et sert de modèle au romancier pour son avancement dans la vie journalistique. Les Sales font partie d'une vieille famille du Bigorre mais peu soucieuse de sa particule, celle-ci sera oubliée ou omise dans l'acte de naissance du feuilletoniste et c'est lui même qui dans une procédure la fera réapparaître en 1895, devant, bien sûr, le tribunal civil de Tarbes. On peut donc considérer que Pierre Sales fit une partie de ses études dans cette dernière ville, son éducation étant aussi surveillée par son oncle. Puis il ira au collège à Toulouse, où l'a précédé son frère. Mais très jeune, il veut voyager, devenir journaliste et il suivra son frère à Paris. Il ira en Angleterre, se perfectionner durant une année dans cette langue qui lui servira plus tard et à son retour, il prendra pour vivre un travail dans une banque. Il apprendra beaucoup à cette époque et sa propre vie nourrira l'imagination qu'il déploiera dans ses premières oeuvres. Dans un de ses livres les plus intéressants, Un Drame financier, il attribuera à l'un de ses personnages des éléments autobiographiques : ... « Puis il a terminé ses études à Tarbes et à Toulouse. Il a toujours été un élève brillant. Après cela, il a fait son droit... » On comprend bien qu'avec un père contrôleur des impôts et un apprentissage en banque, il était tout à fait en mesure de dénoncer la délinquance des milieux boursiers qui existait aussi, à cette époque, et depuis longtemps. Il faut lire sa description de la Bourse dans ce roman, elle donne un bon aperçu de son travail de romancier. Quant à sa présence à Paris, elle date de la remise en ordre de ses affaires, en juin 1874 (il a peine 18 ans), sa fille Emilie, Louise-Marie va naître. Cependant, il ne la reconnaîtra le 29 décembre 1887, lors de son mariage à la mairie du 17e arrondissement avec Louise-Augustine Letellier, née à Tourny (Eure) le 24 novembre 1855, dont le frère Paul Letellier (1), médecin homéopathe très connu (1859-1938), sera lui aussi témoin du mariage. Si l'on considère le fameux article du Matin, expliquant l'écriture et la publication en feuilleton dans le Petit Journal daté du 15 février 1885 de son roman, Le Puits Mitoyen, article de Jean d'Epinay , qui relatait la génèse de cette œuvre d'un jeune débutant, on constate dans un autre numéro de ce journal (n°6085) daté du mardi 23 octobre 1900, qu'on doit réexaminer les faits sur le plan de la chronologie pour être plus exact. A dire vrai, il semble donc qu'avant d'être feuilletoniste et avant d'avoir un contrat avec l'éditeur Calmann-Levy, il avait déjà publié un premier roman qui avait rencontré, contrairement à ce que l'on a dit, un certain succès, chez un éditeur parisien, Edouard Rouveyre. Il s'agirait du roman Abandonnées qu'il reprendra plus tard sous d'autres titres. Ce roman serait paru au début de l'année 1884 (l'achevé d'imprimer de Rouveyre et Blond date du 1er mars), ce qui laisse à penser qu'il fut écrit en 1883 ou vers la fin de cette même année. Ce roman donne, d'ailleurs, une foule de détails autobiographiques sur l'écrivain en tant que journaliste... et sur les milieux culturels (peinture) de l'époque... et son ton incisif sur la société de son temps, sur la place des femmes, est déjà très remarquable. Mais il y a mieux : il avait déjà écrit d'autres romans si l'on considère l'annonce dans La Presse, fin mars 1885, la parution chez Calmann-Levy de Louise Mornans et dans ce même journal le 16 avril 1885, toujours chez le même éditeur de La Souffrance d'une mère, trois romans qui étaient donc bel et bien écrits avant son roman judiciaire Le Puits mitoyen. Si l'on veut, d'une certaine façon, c'était une révélation puisque l'éditeur Calmann-Levy, lui achetait tous ses romans déjà écrits et que le feuilleton le révélait à une foule de lecteurs dans le Petit-Journal ! L'éditeur avait flairé le bon coup et lui faisait presque un pont d'or. Louise Mornans différait essentiellement par rapport au Puits Mitoyen dans ce sens que, s'il incluait aussi la relation d'un crime, c'était plutôt un de ces crimes sociaux et sournois jamais punis par la justice puisqu'on y amenait méthodiquement, de la part d'un banquier, financier commissionnaire puissant et jaloux et de plus imbu de sa position sociale, tenant presque uniquement à l'argent, deux des protagonistes de ce très beau roman, à les conduire à un suicide inéluctable selon les règles établies dans certains milieux. Pierre Sales montrait déjà très bien qu'il maîtrisait parfaitement ce genre et que dans la satire sociale, il n'épargnerait à l'avenir, ni la magistrature de son temps, ni les pouvoirs de l'argent et même de la politique. A ce sujet, il montrait dès le départ qu'il était un peu plus qu'un quelconque feuilletoniste. Enfin, on découvrait dans Louise Mornans l'affrontement de trois femmes luttant chacune pour une conception différente de l'amour. Quant aux hommes, ils étaient désespérément lâches et veules, incapables de s'assumer et c'était vraiment féroce pour eux. L'année suivante avec La Femme endormie, il revenait au roman judiciaire. De plus, il tirait ce roman de l'une des affaires qui avait passionné et « passionnent encore le plus vivement les parisiens ». Calmann-Levy resta son seul éditeur jusqu'en 1891, publiant ses romans au rythme de deux à trois volumes par an. Puis, Pierre Sales passa ensuite chez l'éditeur Flammarion. Les deux premiers furent deux romans historiques très réussis : Beau Page, sans doute en hommage à Balzac (Catherine de Médicis sous le règne de François II) et L'Argentier de Milan publié en feuilleton dans Le Gaulois de février à avril 1991. Un autre moyen pour percer plus vite se fut son adhésion à la Société des Gens de lettres déjà centre de réunion et d'assemblées de tous les grands feuilletonistes de son époque. C'était déjà un syndicalisme destiné à protéger les droits d'auteurs devant les abus des éditeurs patentés et des directeurs de journaux abusifs. Lors d'une lettre de protestation adressé au Président de la Société des Gens de lettres, Victor Marguerite, en 1907 et rapportée par Le Temps du 18 novembre, portant sur les droits d'auteur, il dira : « Je tiens, à ce que la protestation d'un des plus anciens membres de la société.... » En fait, Pierre Sales y adhéra dès le 7 avril 1891 avec pour parrains Albert Delpit et Georges Ohnet, le célèbre écrivain de ce chef-d'oeuvre qu'est Roger la Honte. En cette fin de siècle, Zola dominait déjà son époque et il y adhéra lui aussi légèremet peu de temps avant. Il restait encore nombre d'anciens feuilletonistes datant de l'époque de Dumas, tels Paul Saunière, Paul Mahalin, etc... Ponson du Terrail s'était effacé peu avant l'arrivée de toute la nouvelle école. Ceux qui tenaient le haut du pavé dans ce domaine, c'étaient les Michel Zévaco, Marc Mario, Xavier de Montépin, Emile Richebourg, Charles Mérouvel, Pierre Decourcelle ou encore Jules Mary et dont beaucoup étaient proches de Sales, tels les deux derniers cités. Pierre Sales y avait sa place, de même que Gaston Leroux et Maurice Leblanc qui commençaient à s'affirmer, ainsi que quelques autres. La littérature populaire qui avait déjà envahi le Théâtre, se mit à tenir le haut du pavé. Mais avec le nouveau siècle, l'époque allait changer sous l'influence de la photographie et du cinématographe qui avait encore à se perfectionner. C'étaient des moyens nouveaux pour prendre de l'importance et donner du relief à une œuvre. Tous le sentirent bien et presque tous s'engouffrèrent dans la vague montante... Mais la première guerre mondiale les attendaient au tournant... Dans les années quatre vingt dix, sous l'influence des grands procès et d'une littérature populaire de plus en plus imposante, la Société des Gens de Lettres prit une place de plus en plus importante dans les journaux. Le journal Le Gaulois du 17 avril 1893 donne un compte rendu de l'assemblée générale de la société : « L'Assemblée générale annuelle de la Sté des Gens de Lettres a eu lieu hier sous la présidence de M. Emile Zola. Environ « cent cinquante » sociétaires y assistaient. Pierre Sales est élu sociétaire pour trois ans à cette meme séance. Le mois suivant, c'est le Matin du 8 mai qui le signale, il assiste au banquet annuel où il entend les allucutions d'Emile Zola et de Jean Aicard. Le banquet se termine à 11heures du soir. Le lundi 9, il est présent à la réunion de la Société. L'activité de Pierre Sales au cœur de la Société le mènera à assister à de nombreuses manifestations officielles ou privées et surtout à de nombreuses obsèques pour lesquelles il prononcera d'aussi nombreux discours très instructifs sur les écrivains décédés. Charles Moreau Copyright 22 mai 2014 | |
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