- Il était une fois un jeune garçon, nommé Robert Thomas, qui, du fond de sa province (Gap, Hautes-Alpes), rêvait de théâtre.
Un matin de ses dix-sept ans, il fait sa valise, se sauve de ses chez parents et débarque à Paris sans un sou, sans relations, sans rien savoir...
La vache enragée devient son menu quotidien mais le cœur confiant il se jette dans la bataille, jouant tout ce qui lui tombe sous la main
(opérettes, cabaret, petits rôles au cinéma...) et écrivant des pièces qu'on ne joue pas... Sa situation évolue petit à petit et il joue deux
pièces valables ("La Main de César", de Roussin, et "Les Belles Bachantes", de Dhéry), entre deux opérations-bifteck... Dans son tiroir,
huit manuscrits dorment...
Alors, la chance passe... La veille de noël 1959, sa comédie "Piège pour un homme seul" est lue au théâtre des Bouffes-Parisiens et, sans l'ombre d'une combine, on la monte!
Dès le premier soir, c'est le triomphe, et Robert Thomas passe (comme il le dit lui-même avec humour) "du sandwich au caviar"! Il vend sa
pièce à tous les pays du monde sans exception et le film à M. Alfred Hitchcock!
La fortune et la gloire tombent sur la tête de ce garçon de vingt-neuf ans, absolument éberlué et ravi.
Quelques mois plus tard, (son acteur principal étant tombé malade), Robert Thomas devient son propre acteur...
"Défendre soi-même son enfant, dit-il, c'est extraordinaire!"
Le 28 août 1961, Robert Thomas lance sa deuxième pièce au théâtre Edouard-VII: "Huit femmes."
Coup double! Un grand succès! Dans la semaine, vente à tous les pays étrangers (où "Piège" a fait un triomphe, sans aucune exception!) et à l'Amérique...
Le premier décembre 1961, Robert Thomas reçoit le Prix du Quai des Orfèvres, pour ses deux œuvres policières.
Robert Thomas a l'œil vif et moqueur. Il sait d'où il arrive et ce qu'il a enduré... il garde la tête froide!
Il a placé son argent "comme un paysan haut-alpin", dit-il, en riant. Il est heureux de vivre!
Et surtout, il écrit, écrit, écrit...
Quand on lui demande la formule du succès, il répond: "Réécrire cinq fois la pièce!"
Et il cite volontiers ce vers de Corneille:
Faites votre devoir et laissez faire aux dieux.