L'Espionnage années 30

Ce n° du Rocambole (14 euros, c'est donné pour la quantité d'infos, la qualité des articles et l'excellente nouvelle qui clôture le volume) est excellent.
Le gros du volume est constitué par le début du dossier Espionnage, années 30 (une suite est annoncée), principalement consacré au roman d’espionnage français ou traduit en français pendant les années 30. Il faut bien avouer que le genre ne connut en France son heure de gloire qu'après 1945, pendant la guerre froide. Les années 30, marquées par la montée des totalitarismes et un climat pré-belliqueux, ont vu éditer un nombre relativement restreint de romans de ce genre, parus en volumes ou en fascicules, dont Bruno Baube essaie de dresser le panorama. Paul Bleton montre que c’est à cette époque que le genre s’autonomise vraiment, héritier du roman populaire et du roman patriotique, mâtiné de roman policier ou sentimental. On y trouve à la fois des séries récurrentes, des adaptations et des novellisations de films. Il conclut sa riche contribution par un recensement bibliographique détaillé. Des auteurs sont ensuite décryptés : Jean-Toussaint Samat (par Désiré Nyela), Jean Bommart (et son fameux héros, Le Poisson chinois, par Bruno Baube) et Charles-Robert Dumas (par Alfu). Mélika Abdelmoumen consacre une étude à trois femmes espionnes, Mata-Hari, Marthe Richard et Fräulein Doktor, et à leurs avatars littéraires et cinématographiques, en réhabilitant le film de Pabst, Salonique, nid d’espions.