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 "Laisse chanter ton épée" II

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2 participants
AuteurMessage
Andromède
Belphégor
Andromède


Nombre de messages : 35
Age : 35
Date d'inscription : 12/07/2006

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MessageSujet: "Laisse chanter ton épée" II   "Laisse chanter ton épée" II EmptyMar 31 Oct - 13:13

Juste parce que j'aime me prouver à moi même que je BOSSE sur mes projets, je poste ici le début du véritable premier épisode de ma mini série de cape et d'épée "Laisse chanter ton épée".

Toujours pareil, les aventures de Nicolas des Halliers, agent au service de Concini.

Laisse chanter ton épée


Scenario et personnages © Andromède ( E. G. Brioul )
Ne pas reproduire sans autorisation, merci !


-Dis moi, Luynes, as-tu connu mon père, le Roi Henri ?

-Bien peu, sire, bien peu…

-Etait il un roi si mauvais, qu’on l’ait assassiné comme le dernier des criminels ?

-Sire…

-Réponds, Luynes…

Puis, d’une voix plus basse.
-Je t’en prie.

-Sire…Votre père était un homme noble et bon, un roi soldat, mais juste.

-Pourquoi avoir voulu sa mort, alors ?

-Sire, ces questions, vous êtes seul en droit de vous les poser… Et quand vous serez sur le trône de France, vous aurez tout pouvoir de chercher les vraies réponses. Mais…

-Mais quoi, Luynes ? Comment puis-je espérer un jour devenir un grand roi, si on ne m’apprends rien de ce que furent mes prédécesseurs, afin que je tire des leçons de leur propre histoire, pour forger la mienne ?

Luynes pencha légèrement la tête, et regarda d’un œil étrangement fier son petit roi de onze ans, qui avait déjà une si profonde conscience de la réalité de sa charge.

-Mais, sire, reprit-il, je puis au moins vous donner mon avis là dessus, car vous êtes la chose qui m’est la plus précieuse au monde. On a tué votre père pour ses qualités humaines, non pour ses crimes.

-Pour avoir fait ce qu’il a fait, il était donc bien méchant, ce Rav…

Prompt comme l’éclair, Luynes était tombé à genoux devant Louis, et lui avait posé un doigt sur les lèvres, très pâle.

-Votre Majesté, au nom de votre vie sacrée, je vous en conjure, ne prononcez pas ce nom, et cessons là cette conversation. Celui que vous savez a des oreilles partout, il sait que je suis son ennemi, et votre ami à vous. Et je ne souffrirais pas que mon roi s’expose à encore plus de malveillance de sa part, simplement pour s’être posé les bonnes questions sur la raison de la mort de son père.

-Luynes, dit Louis d’une voix grave, sur la raison de la mort de mon père repose la légitimité de mon pouvoir à moi.

-Et la légitimité de votre pouvoir, c’est sa mort à lui, Sire. A cette heure, son bras est mieux armé que le votre, voilà pourquoi je vous supplie à genoux d’être prudent.

En effet, Luynes était toujours à genoux. Et tandis qu’il baisait sa petite main tendue, le roi de France murmura d’une voix rauque :

-Mais pour Concini aussi, les qualités humaines sont des crimes, n’est ce pas, Luynes ?

Le fauconnier avait à peine ouvert la bouche que l’enfant royal se jeta à son cou, effrayé par la pensée qu’il avait eu en prononçant ces paroles.

Luynes ne put que le presser un instant contre son cœur, frissonnant d’émotion. Il se releva fébrilement, et reprit le livre de chasse qu’il était en train de faire étudier au roi. La leçon recommença, mais Luynes ne parvenait pas à se concentrer.

Lui aussi avait eu peur de cette vérité informulée, qu’ils avaient tous deux effleurée.


XxXxXxXxX

Le soleil était levé depuis plusieurs heures déjà, sur les campagnes de l’Ile-de-France, et pourtant, on n’y voyait pas à trois pas.
L’orage avait grondé toute la nuit, comme cela arrive fréquemment au début de l’été, et avait détrempé les routes. Il résultait, et de cette humidité du sol, et de cette chaleur malsaine qui pesait sur l’atmosphère, que l’air était chargé de brouillard.

Cela donnait un paysage effrayant : le sol fumait, littéralement, comme après un incendie.
On se serait cru en Angleterre.

Deux fantômes gris émergèrent du bois tout proche, et s’élancèrent sur cette route qui, bien que devenue méconnaissable, menait toujours à Fontainebleau.

Ils fendaient la vapeur, ne semblant pas se soucier de l’opacité totale qui régnait, et qui les faisait évoluer dans un quasi-néant.

Menant leurs chevaux à travers le dédale de boue et de flaques, le chevalier des Halliers et son laquais Lardoire revenaient une fois de plus au triple galop à Paris, rappelés par un ordre urgent de leur maître, le maréchal Concino Concini.

Alors que le chevalier était encore, quelques jours auparavant, en mission secrète au cœur des plaines Vendéennes, il avait reçu un simple billet contenant ces mots, écrits à l’encre rouge : Revenez à Paris avant qu’il ne soit trois jours !!!
Nicolas n’avait même pas eu besoin de chercher à comprendre.

Tel le chien bien dressé qui reconnaît son maître de loin, à son allure, à son odeur, à ses manières, le chevalier avait reconnu l’appel au secours de Concini. Et il accourait, libertin, mais néanmoins fidèle à ses serments.
Lui et Lardoire avaient traversé la moitié de la France en un jour et deux nuits, s’arrêtant à peine pour manger, et ne lâchant leur bride que pour changer de monture. Le docile laquais aurait bien voulu là-dessus faire quelque observation à son maître, mais l’expression de ce dernier l’en avait dissuadé.

Pas de sourire sur ses belles lèvres pâles, le regard froid et dur et les sourcils froncés jusqu’à toucher le haut de son nez.
Lardoire avait compris que son maître ne serait tranquille qu’une fois à Paris, et s’était tu.

Des Halliers ne s’était certes pas posé de questions sur la provenance de la lettre à l’encre rouge. En revanche, il s’en posait beaucoup sur les raisons qui avaient poussé Concini à la lui envoyer. Depuis le début de cette chevauchée effrénée, il se creusait les méninges pour essayer de comprendre quel genre de malheur extraordinaire avait bien pu tomber sur la tête de l’Italien, pour qu’il le rappelle ainsi.

Et les hypothèses concrètes et plus ou moins vraisemblables auxquelles il parvenait à chaque fois n’étaient pas des plus gaies.

Quel meilleur moyen, alors, et pour savoir plus vite, et pour cesser de penser, que d’accélérer encore et encore ?

C’est ainsi qu’au début du second matin, il arrivait à Fontainebleau.

XxXxXxXxXxX

-Qui était présent, ce jour là ?

-Monseigneur…

-Qui ? Cria Concini en frappant du pied.

-M. de La Force, qui a recueilli les dernières paroles du roi…M. de La Saute, un valet… Et…M. le Chevalier de Vendôme.

Concini, qui avait commencé à faire les cent pas en écoutant cette liste des passagers du carrosse royal du 14 mai 1610, s’arrêta net à ce dernier nom.

-Vendôme ? Mais… Il n’était pas présent dans la voiture lorsque les gens sont venus soutenir le cadavre du roi.

-Monseigneur, je peux vous certifier qu’il est monté en même temps que son père. Mais M. de La Saute m’a… avoué qu’il était descendu juste avant que le cocher ne s’engage dans la rue de la Ferronerie.

-Descendu… Mon diou, juste avant ?

-Juste avant, monseigneur.

-Aurait-il pu croiser le meurtrier ?

-Des gens l’ont vu courir après son chien échappé jusque dans l’auberge des Millepertuis, monseigneur.

-Juste avant… Juste avant… Répéta Concini, ses petits yeux d’intriguant ouverts démesurément.

Puis, après quelques secondes, un murmure…Qui renfermait plus qu’un ordre…

-Rappelez moi le chevalier des Halliers.

Qui renfermait la promesse d’un dessein terrible.
*

XxXxXxXxXxX

Parfois la nature elle-même semble prendre plaisir à ponctuer de ses plaisanteries les destinées humaines.
A peine le chevalier des Halliers et son laquais Lardoire étaient-ils sortis de la brume des campagnes pour pénétrer dans Paris, que les cieux s’étaient fendus. Une pluie diluvienne tombait à présent sur la ville, s’infiltrant partout, et transformant les rues en mares de boue.

Lardoire grogna en descendant de cheval, lorsque ses bottes s’enfoncèrent dans cette soupe à cochons. Et dire qu’ils venaient à peine de quitter les marais…
Alors que son maître pénétrait rapidement au Louvre, notre valet alla s’abriter sous un porche, tenant leurs montures en main, afin d’être prêts à partir sans retard dès que Nicolas réapparaîtrait. C’était leur habitude chaque fois que le chevalier revenait se poser au bras de Concini pour y prendre de nouvelles instructions : ne pas traîner aux alentours de la volière.
Lardoire avait longtemps pensé que c’était par ordre même du maréchal d’Ancre, qui n’aimait pas que ses ennemis puissent apercevoir ses atouts secrets trop près de ses manches en dentelles. Cela n’aurait pas été impossible.
Mais aujourd’hui, le seul être au monde à aimer véritablement Nicolas des Halliers, son serviteur, savait que ce n’était pas la volonté de l’Italien qui poussait son espion à toujours s’éloigner si vite.
Non. C’était simplement des Halliers lui-même qui trouvait que l’ombre de son maître sentait trop mauvais pour y rester plus longtemps que nécessaire.
Lardoire s’ébroua comme les deux chevaux.

A dire vrai, lui aussi avait hâte de partir.
Car rester debout, dégoulinant d’eau jusque dans son fond de culotte, crotté des pieds à la tête, avec deux canassons fourbus et grincheux pour seuls compagnons, était au moins aussi désagréable qu’une entrevue avec le Conchine !

...... ( à suivre )

Les encouragements commentaires sont toujours bienvenus =)
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Belzébuth
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MessageSujet: Re: "Laisse chanter ton épée" II   "Laisse chanter ton épée" II EmptyMar 31 Oct - 14:06

"Il résultait, et de cette humidité du sol, et de cette chaleur malsaine qui pesait sur l’atmosphère, que l’air était chargé de brouillard. "

Je trouve cette phrase un peu lourde Crying or Very sad

"Revenez à Paris avant qu’il ne soit trois jours !!!"


Est-ce réellement une tournure de phrase de "l'époque" ?

Sinon j'aime bien ton style et le ton du réçit est assez fidèle aux textes du genre Wink J'attends la suite Smile

Bravo et courage study
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