François Richard dans la Collection “La Mante”
Le regretté Claude Herbulot donnait le 12 juillet 2008 la liste complète des
dix-neuf titres de cette collection, éditée sur les années 1949 à 1951 par la
Compagnie Parisienne d’Edition (C.P.E.) de Pierre Pic. Il nous livrait par la même occasion la résolution de bon nombre de pseudonymes pris par les auteurs ou par la maison d’édition pour parapher cette collection.
On apprenait alors que
François Richard, ainsi que
René Poscia ou encore
Jean-Pierre Conty, avaient écrit dans cette collection.
Concernant la participation de
François Richard, Claude prenait appui sur l’article publié quelques mois auparavant (et dont il fut vraisemblablement l’auteur) dans
Le Rocambole n°42 du printemps 2008 ; et intitulé
Francis ou François. L’article répertoriait nombre de pseudonymes que
François Richard reconnaissait avoir utilisés, dont ceux de
William Moore, Franck de Thau, Harry Tanners, et
Franck Dickson… quatre pseudonymes utilisées comme signatures des dix premiers titres de la collection
La Mante. Toutefois,
François Richard aurait convenu, comme le rapporte l’article du Rocambole, d’avoir usé d’autres pseudonymes dont il disait ne plus se souvenir… {1}
L’ensemble des dix premiers titres de la collection
La Mante forme ce qu’il est convenu d’appeler la “première série”{2}. En effet, dès les livraisons suivantes, l’éditeur positionne les futurs titres dans ce qu’il nomme “nouvelle série” ; une série dans laquelle, en plus des illustrations de couvertures renouvelées par rapport aux précédentes (illustrateurs et style différents), on note qu’on ne retrouve plus aucun des pseudonymes utilisés pour la première série : plus de Moore, ni de Tanners, ni de Dickson… François Richard aurait-il arrêté sa participation à la collection après le dixième titre ?... ou bien aurait-il continué à se cacher derrière d’autres pseudonymes ? … des pseudonymes dont il disait ne plus se souvenir ?...
Pour progresser dans la recherche d’attribution des signatures non découvertes, il convient de faire un parallèle avec la première série, où l’auteur qui signait
William Moore pour le titre
Sans avoir l’air d’y toucher avait mis en exergue une pensée de
Harry Mitchell, un pseudonyme tout juste précédemment attribué à
François Richard{3}. Un exergue qu’il convient de considérer comme une piste manifeste pour aiguiller le lecteur vers l'auteur, en l’occurrence
François Richard lui-même, pour l’attribution de la signature de
William Moore.
Si l’on se penche maintenant sur la “nouvelle série”, on va trouver deux pistes similaires.
La première dans le titre
Changez le disque, signé
Rupert Staircase, où est mise en exergue une pensée d’un certain
F. Richardson :
Je lui ai demandé : « Crois-tu à l’amitié ? »
Il a souri
Je lui ai demandé : « Crois-tu à l’amour ? »
Il a éclaté de rire.
On retrouve cette pensée, un tant soit peu « augmentée », dans un recueil de poèmes et de pensées rassemblés plus tardivement par
François Richard sous le titre
Perles et Rubis – Poésies et Pensées (non édité){4}.
Ci-dessus : page de titre et page 22 du recueil signé F. Richard
Perles et Rubis – Poésies et Pensées
En continuant nos recherches, nous trouvons une seconde piste qui nous est donnée dans le titre
Abattez votre jeu, signé
Patrick Mac Evoy, qui contient en exergue le quatrain suivant, signé
Jean-Louis Blachère :
…Alors, sans dire une parole,
D’un geste, gracieusement,
Elle quitte son vêtement
Comme on effeuille une corolle.
Sachant que
François Richard utilisa, et à deux reprises, le pseudonyme
Blachère (
Les écumeurs de palaces, signé
Pierre Blachère – roman adapté en bandes dessinées pour le journal Le Hérisson à l’été 1951 et
Le Château de l’horreur – Ed. La Corne d’Or, collection Epouvante – Janvier 1955, signé
François Blachère), on est en droit de lui attribuer le pseudonyme
Patrick Mac Evoy{5}.
Rupert Staircase et Patrick Mac-Evoy, sont donc deux pseudonymes supplémentaires attribuables à François Richard. Deux pseudonymes qu’il avait… « oubliés ».
Pour ceux qui resteraient dubitatifs, je vais donner une seconde piste d’attribution pour ces signatures, grâce à la bibliothèque des ouvrages de
François Richard conservée par sa famille.
Il faut savoir que, du temps où il était Directeur (en titre) littéraire du Fleuve Noir, c’est-à-dire entre 1956 et 1978, François Richard faisait relier en demi-peau à nerfs les romans qui lui étaient attribués et qui étaient simplement brochés lors de leur édition originale. Ces romans ainsi reliés étaient alignés dans la bibliothèque de son bureau au Fleuve Noir
La photo ci-dessous (Droits Réservés) montre une partie de la rangée de la bibliothèque conservée par sa famille et dévolue à la
collection “La Mante” de la C.P.E. On y trouve notamment le titre
Changez le disque, signé
Ruppert Staircase.
(On notera pour le fun que le titre immédiatement à droite de
Changer le disque –
Les Détectives du Dimanche, signé
Claude Orval – est intégré dans la bibliothèque de François Richard : la raison en est que l’ouvrage est une adaptation du film de Claude Orval (le réalisateur du film sorti en salles en 1953), et que c’est
François Richard qui en rédigea l’adaptation littérale.)
Notes :
{1} Il est probable que les informations sur François Richard contenues dans cet article soient issues d’informations de première main récupérées par Pierre Turpin auprès de François Richard lui-même.
{2} Les dix premiers titres de cette collection, tous nantis d’une illustration de couverture d’une pin-up devant un « nuage », forment ce qu’il est convenu d’appeler la “première série de la collection”, les titres postérieurs étant référencés par l’éditeur sous l’appellation “nouvelle série”.
{3} Il s’agit du titre
Elles ne sont pas toutes comme ça, signé Harry Mitchell : le roman « sexy » qui ouvrit la collection « La Flamme » du Fleuve Noir (achevé d’imprimer en février 1949), et où François Richard fut présenté comme le traducteur, lors du procès de l’ouvrage « Contraire aux bonnes mœurs », en 1951.
{4} François Richard reprenait dans ce recueil les poèmes qu’il avait déjà publiés en 1937 sous le titre Perles et Rubis - un clin d’œil d’un amoureux de la musique à une célèbre valse de salon du siècle précédent.
{5} Je n’ai malheureusement pas retrouvé le quatrain cité en exergue parmi les écrits poétiques de François Richard en ma possession.
TontonPierre – août 2023