Le magazine “Idylle”Le magazine “
Idylle”, tourné vers le lectorat féminin, fut édité dans la seconde moitié des années 1950 par la
“Société d’Imprimerie et d’Éditions du Puits-Pelu, Jacquier et Cie”, basée à Lyon.
Bien qu’à parution mensuelle, ce magazine trouve sa place parmi les hebdomadaires de la
Presse du cœur alors très en vogue à l’époque, car on y retrouve les rubriques traditionnelles qui alimentent ces derniers :
Romans en images (ici exclusivement dessinés au lavis ; pas de romans-photos),
Confidences vécues et
Roman texte inédit « à suivre » avec illustrations,
Regards sur le cinéma et les Vedettes du moment,
Chroniques conseils, sans oublier l’incontournable
Horoscope.
Le premier numéro parut en novembre 1956. D’un format type tabloïd (21 x 27 cm), la couverture illustrée qualifiait le nouveau venu de
“Magazine des reflets du cœur” et annonçait, pour un prix de
70 frs, “52 pages de confidences et nouvelles dessinées” et le titre du roman dessiné complet, qui démarrait à la page 3.
Ci-dessus : 1ère et seconde de couverture du premier numéro de Idylle – novembre 1956.
L’illustration est signée Lupo à l’extrême droite en bas. En page 2 (verso de la 1ère de couverture), le sommaire est indiqué au bas de l’incontournable horoscope…
C’est l’insaisissable dessinateur
Manuel {1} (qui signa d’ailleurs “Marcus” pour les premier et troisième romans dessinés de la série, et qui signa “Lupo” ou “LAC” quelques illustrations de couvertures) qui prit en charge toutes les illustrations réalisées au lavis de l’intégralité de la collection, sur des textes de
Lucien-André Carton - alias
Saint Bert {2} ; Un autre dessinateur,
Yves Mondet {3}, prit en charge dans les huit premiers numéros, sous le pseudonyme de
Bill Louky, la rubrique
“Idylle Entracte présente Mary-Chou” ou “La vie d’une starlette”, une BD de deux pages dans le style des “Comic Romances”.
Chaque numéro comportait au départ un roman dessiné complet d’une trentaine de planches, avant d’en comporter deux (à partir du n° 9), toujours complets, mais plus courts. S’ajouta pendant les quatorze premiers numéros, également sous forme de récit illustré au lavis par
Manuel, et sur des textes de
Mary Esbé, la vie romancée d’une femme célèbre historique, racontée sur deux numéros à raison d’environ huit planches par numéro.
Ci-dessus : couverture du n° 6 (signée LAC) et 1ère planche du roman dessiné Quand reviendras-tu ?
Ci-dessus : les deux premières planches du récit illustré sur Marguerite de Bourgogne (Idylle n° 6)
Ci-dessus : les deux planches de Mary-Chou, dessinées par Yves Mondet dans le n° 6 de IdylleCe côté « roman dessiné complet » de
Idylle le rapproche du magazine
“Chérir”-Collection sentimentale, un autre magazine de romans dessinés publié depuis deux ans par la même maison d’éditions, ainsi que des magazines de romans dessinés complets édités par les
Éditions des Remparts, elles aussi basées à Lyon, et qui publiaient à la même époque les mensuels
Frissons, DUO et
OUI ; sans oublier les collections de romans dessinés complets accrédités par
Nous Deux.
D'un autre côté, les autres rubriques présentes dans le magazine (confidences vécues, romans à épisodes avec illustrations, regards sur le cinéma et sur les vedettes du moment), rapprochent
Idylle des magazines hebdomadaires de la presse du cœur comme
Nous Deux et
La vie en fleur, du groupe
Del Duca, ou
A Tout Cœur puis
Bonjour Bonheur, du groupe
Dargaud.
Ce positionnement, à mi-chemin entre le mensuel de roman dessiné complet et l’hebdomadaire traditionnel de la presse du cœur, fit de
Idylle un magazine unique en son genre. Est-ce cette spécificité qui fit que le magazine n’accrocha pas ses lecteurs et qu’il ne vécut que le temps de
24 numéros ? Peut-être… On peut aussi remarquer que le magazine Idylle arriva, en 1956, « après la bataille ». En effet,
Nous Deux, Madrigal, La Vie en Fleur, Rêves, A Tout Cœur… tous ces hebdomadaires de la presse du cœur étaient publiés depuis plusieurs années, pour certains depuis 10 ans ; et côté roman dessiné complet mensuel, les collections
Nous Deux présente, les romans illustrés de Nous Deux et
Frissons étaient solidement implantées elles aussi depuis le début des années 1950. Il ne faut pas oublier le roman-photo, qui prenait à cette date une place de plus en plus importante, annonçant le déclin du roman dessiné, qui sera abandonné vers 1958-1959, exception faite de
Nous Deux qui le conservera jusqu’en 1963
Idylle essaiera pendant sa courte existence de se renouveler : modification de titre, qui devint à partir du n° 9
“Idylle Écran” (le titre de sa rubrique cinéma depuis le premier numéro), avec plus de pages consacrées au cinéma, dont un film complet raconté et avec quelques photos ; changement de style de couverture, à partir du n° 13, qui passe d’un tableau en rapport avec le roman dessiné du numéro, à la photo d’une vedette féminine de cinéma. Il semble que ce fut peine perdue. Un rebrochage des invendus par groupes de quatre numéros consécutifs permit sans nul doute de limiter le « bouillon ».
On remarquera aussi un changement de mise en page des planches du roman dessiné du magazine, qui passera à partir du n° 9 d’une mise en page des vignettes en « opus incertum » (une mise en page qui avait fait le succès des romans dessinés initiés par
Nous Deux en 1947) à la présentation plus traditionnelle en « gaufrier », c’est-à-dire sous forme de la superposition de bandes horizontales de cases rectangulaires.
Le vingt-quatrième numéro, paru en octobre 1958, doit être considéré comme étant le dernier puisque, à l’inverse des numéros précédents, aucune annonce n’y était faite concernant les prochains titres de romans à retrouver dans le magazine.
Dans un prochain post, je donnerai la liste des romans dessinés et des récits illustrés de cette collection, avec toutefois quelques manques et incertitudes.
{1}
Insaisissable car on ne trouve nulle part une once d’information sur le dessinateur qui se cache derrière cette signature. Manuel a un rendu très caractéristique de ses personnages, avec ses femmes longilignes et à la taille de guêpe, ses hommes avec souvent une largeur d’épaules disproportionnée par rapport à la taille de leur tête, et des vues de trois-quarts parfois bien improbables… On retrouve ce dessinateur dans la collection Chérir - du même éditeur - qu’il a dessiné en intégralité (60 numéros), et dans les collections des Remparts Frissons et DUO.
Pour les couvertures qui lui sont attribuables avec certitude, il utilise de nombreuses signatures : Lupo, LAC, Desasso, ANDY … Quiconque pourra nous apporter des informations sur ce dessinateur sera le bienvenu !{2}
Collaborateur des Éditions Jacquier (où son ami le dessinateur Yves Mondet le qualifiait « d’homme à tout faire »), il fut un scénariste prolifique pour sa maison d’édition ainsi que pour Lug et pour les Remparts, maison pour laquelle il dessina aussi quelques petits formats. Il écrivit plusieurs romans d’espionnage publiés chez Jacquier en 1959 et 1960.{3}
Voir l’article qui lui est consacré par l’encyclopédie Lambiek à l’adresse http://www.lambiek.net/artists/m/mondet_yves.htm TontonPierre