Explication de texte :
La cadence de publication imposée par l’éditeur, relevait de l’exploit et Georges Meirs pour ne citer que lui,
outre son travail pour « Les vampires » poursuivait son labeur de caricaturiste, d’illustrateur, tout en maintenant
la rédaction des aventures de « Tharps »… Apparemment il n’utilisa qu’une seule fois une « aide extérieure »
comme le mentionne l’article consacré à l’auteur dans la revue « Le petit détective » N° 6, et c’est précisément
sur la série « Les vampires ».
Pour rédiger ses histoires, il fonctionnait grâce à un système de fiches qui s’appliquait aussi bien à ses personnages
que sur les domaines aussi variés que la physique, la chimie, les sciences occultes….De tels repères étaient indispensable
afin de pouvoir s’y retrouver dans toute sa production et de garder le fil de ses histoires. En raison de cette cadence
infernale pour mettre en page les exploits des vampires, il fallait bien souvent à l’auteur utiliser le bon vieux
« tirer à la ligne » afin de diluer l’intrigue et arriver au montant de pages exigé par l’auteur. Le résultat en est une
regrettable perte de rythme au niveau de l’histoire et tout le génie de Feuillade avec ses rebondissements et ses
retournements de situations, est malheureusement occulté au profit d’un remplissage bien mal venu.
Feuillade n’était pas d’accord pour un tel procédé et il en fit la remarque. Pour les trois derniers épisodes, le nombre
de pages sera réduit et les photos du film feront leurs apparitions. Georges Meirs exprimera également une plainte
à l’encontre de l’éditeur qui lui infligeait un tel rythme de production qu’il n’avait même pas le temps de corriger
les fautes d’orthographe.
Pour la petite histoire, l’auteur infortuné de ce bagne littéraire, fera une courte apparition, tel un Hitchcock des temps anciens,
dans un des épisodes des vampires, accompagné de son Fox-terrier.
Ces quatre petits volumes, en format de livre de poche, représentent à eux seuls tout ce qui finalement me pousse à fouiller
et chercher au fond de misérables cartons. Une quête inlassable qui me force à croire que nous sommes, nous les maniaques
des vieilles publications, les derniers dépositaires de tout une époque condamnée à une mort inéluctable.
C’est tout un fragment de notre histoire qui disparaîtra avec la destruction de ces derniers exemplaires.
Qui de nos jours se soucie de Georges Meirs ou encore pire de Louis Feuillade ? Cet homme qui fut l’artisan d’un genre
cinématographique d’une richesse inouïe pour son inventivité et sa vision moderne du film d’aventure, d’action et policier.
« Fantômas » « Les vampires » « Judex » autant de noms qui devraient encore résonner dans la mémoire de tout cinéphile
qui se respecte, car à partir de rien et bien souvent dans l’urgence et un manque total de moyens, il construisit une vision
neuve et audacieuse d’un univers fantasmagorique ou les visages du bien et du mal ne seraient plus jamais les mêmes.