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 Périsset, Maurice (1920-1999)

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pcabriotpi83
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MessageSujet: Périsset, Maurice (1920-1999)   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptyVen 10 Fév - 19:09

Nous allons bientôt démarrer ici même la mise en ligne de quelques posts sur Maurice Périsset. Orientés “biographie”, puisque nous sommes dans ce chapitre-là du Forum. En parallèle, nous présenterons son œuvre dans la partie bibliographie du Forum.

Dans un message du 30 décembre 2010 posté dans le topic “Questions en vrac”, l’ami Herbulot annonçait qu’il y avait à dire sur la personne de Maurice Périsset ; et il s’interrogeait par ailleurs sur la présence sur le Forum d’un certain “perisset”.
Le message d’Herbulot est resté sans réponse, aussi bien au sujet de ce « forumeur » perisset, qui semble n’être autre qu'un fan de l’ami Losfeld du blog “Au Carrefour Etrange” {1}, que sur d’éventuelles informations touchant à la vie et à l’œuvre de Maurice Périsset.

Il y a en effet pas mal de choses à dire sur le personnage, qui fut à la fois Homme de Lettres et Homme de Cinéma.

Prenons par exemple sa date de naissance, dont on n’arrive pas à connaître la date exacte, notamment sur la toile, encore au moment où je mets ce post en ligne.

Périsset, Maurice (1920-1999) Mauric10
Ci-dessus, photo de Maurice Périsset (cliché Louis Monier), apposée au verso de la couverture de son roman L’allée des tilleuls, paru en 1990


Il faut savoir que Maurice Périsset a toujours refusé de dévoiler son âge, ainsi que d’indiquer sa date de naissance. Ce qui ne l’empêcha pas de réussir, en 1945, à adhérer à la Société des Gens de Lettres (SGDL), sans même fournir la date de sa naissance et un extrait de son casier judiciaire, comme il était pourtant exigé à l’époque par l’organisme {2}.

En 1986, alors qu’il publie son “Panorama du polar français contemporain” {3} et qu’il mêle son CV à ceux de ses confrères cités dans l’ouvrage, il déclare : «A ceux qui pourraient s’étonner de ne pas trouver de date de naissance en haut de cette notice, je réponds par deux boutades que l’on me pardonnera d’emprunter à Maurice Baquet et à Marie Bell. Au premier, à qui l’on demandait son âge : «Je ne sais pas, ça change tout le temps !», à la seconde, faussement perplexe devant une fiche d’hôtel : «Née ? Bien sûr que je suis née ! Je vais mettre oui !» {4}.

En septembre 1986, alors qu’il est interviewé par un de ses confrères, le romancier Bernard Drupt, et que ce dernier lui fait supposer qu’il peut s’agir là d’une «angoisse de vieillir ?», ou d’une «coquetterie d’auteur ?», ou encore de la «peur du temps qui passe trop vite», Maurice Périsset répond, pensant à la boutade de Françoise Sagan “Ou j’ai toujours été vieille, ou je suis toujours dans l’enfance !” : «Chez moi, l’enthousiasme de l’enfant et les angoisses de l’adulte se conjuguent. Je n’aimerais pas me voir vieillir dans le regard des autres, tout simplement» {5}.

Fin 1987, la jeune Valérie Thollon, qui le rencontre pour préparer son mémoire universitaire de maîtrise, qu’elle intitulera “Maurice Périsset, auteur de romans policiers” {6}, devra se contenter des réponses précédentes.

Moi-même, en 2010, alors que je conversais avec René Poscia - le grand ami de toujours de Maurice Périsset, je ne pus en savoir davantage : «Il était un peu plus vieux que moi», me dira René, lui-même né en 1927 {7}.

La BNF indique “1929 ?” comme année de naissance. Le créateur de la page Wikipédia, Cpalp, donne 1922 -  une date qu’il confirme en annulant la correction argumentée que j’avais apportée sur ladite page fin janvier 2017.

Pourtant, il n’y a rien de plus facile (depuis la mort du romancier), pour connaître la date de naissance de l’intéressé : Maurice Périsset étant décédé à Hyères le 12 novembre 1999  {8}, il suffit d’écrire à la Mairie de Hyères pour obtenir une copie de son acte de décès, où sont rappelées les informations de naissance du défunt :

Maurice Périsset est né à Montélimar le 05 juillet 1920.

Voilà une première réponse à la mise en appétit donnée par Herbulot dans son message du 30 décembre 2010. Je lui dédierai d’ailleurs les messages que je mettrai en ligne sur le sujet.

A bientôt- TontonPierre

Notes :
{1} Au profil de “perisset”, dans le forum, est associé un site Internet qui se trouve être “Au carrefour Etrange”, alimenté par l’ami Losfeld. On trouve d’ailleurs sur son blog une critique de lecture fort pertinente d’un des premiers titres de Maurice Périsset – La Rage Noire, un psycho-érotique publié à La Tarente en 1951. Notons, de plus, la coïncidence des deux noms Périsset et Losfeld, quand on aura dit que le bien connu Eric Losfeld édita dans les années 1950 l’ouvrage « gay » “Corps interdits” de Maurice Périsset.
{2} La SGDL introduira la date de naissance du romancier à partir du courrier de la mairie de Hyères demandé suite au décès de l’intéressé, permettant de clore son dossier et de le rendre ainsi consultable par tout un chacun.
{3} Panorama du polar français contemporain, de Maurice Périsset. Editions de l’Instant, Paris - 1986
{4} Panorama du polar français contemporain – op. cit. page 158.
{5} Rencontres : Bernard Drupt s’entretient avec… Maurice Périsset. Impressions du Sud – Eté / Automne 1987, n°15/16, pp. 20-21.
{6} Maurice Perisset, auteur de romans policiers, par Valérie Thollon, sous la direction de M. J-L. Vissière, professeur à la Faculté de Lettres – Sciences Humaines d’Aix-en-Provence, Année 1987/1988 (disponible à la Bibliothèque des Littératures Policières à Paris)
{7} Je ne suis pas sûr que René Poscia, qui connut et fréquenta Maurice Périsset dès la fin des années 1940, sut lui-même la date de naissance, et par là l’âge, de son ami.
{8} Le journal Le Monde a consacré un court article nécrologique à Maurice Perisset dans son numéro du 18 novembre 1999. Dans son article, Le Monde présentait l’auteur comme un septuagénaire, sans plus de précisions.


Dernière édition par pcabriotpi83 le Lun 13 Fév - 10:32, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Périsset, Maurice (1920-1999)   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptySam 11 Fév - 9:34

Avec TontonPierre, nous avons toujours droit à un luxe de détails!
Mais... dans la première édition du DiLiPo (2003), il apparaît que le rédacteur de la notice consacrée à Maurice Périsset (Henri-Yvon Mermet) connaissait déjà l'année de naissance du romancier, puisqu'il indique "1920 à Montélimar". Etait-ce donc un secret de Polichinelle?
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MessageSujet: Re: Périsset, Maurice (1920-1999)   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptySam 11 Fév - 16:03

Dès son décès, le secret devait tomber, et pourtant...
C'est pourquoi il est étonnant que l'on trouve encore aujourd'hui des dates fantaisistes pour son année de naissance.
... mais Maurice Périsset a toujours voulu cacher son âge. Dans une interview en 1986, il dit qu'il rencontra Albert Camus, à Paris, pendant l'Occupation, et qu'il était alors "adolescent" !... (alors qu'il était majeur depuis une paire d'années...)

A plus - TontonPierre
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MessageSujet: Re: Périsset, Maurice (1920-1999)   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptySam 25 Fév - 10:01

J'ai donc pris contact avec la BNF (Département des Métadonnées) pour faire modifier la notice concernant Maurice Périsset.
Sa date de naissance apparaîtra sur le site de la BNF à partir du lundi 27 février 2017. Voir l'adresse :
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb119191564

J'ai également demandé qu'on associe à Maurice Périsset ses pseudonymes (reconnus par lui-même), tels Michel Perry et Éric Alba, pour ne citer que ces deux-là. Ce sera un peu plus long, m'a-t-on répondu, car il faut dorénavant créer des notices différenciées pour les différents noms de plume d'un auteur, et faire des liens entre ces différentes notices.

(Toutes ces modifications ne pouvant être acceptées par la BNF qu'avec force de documents attestant (de) la véracité des informations concernées)

TontonPierre
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MessageSujet: Maurice Périsset - Biographie   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptyJeu 18 Mai - 22:04

Exceptionnellement, l'ami Claude avait laissé vierge la page "Périsset" du Forum, comme une invite pour nous tous à la remplir...
Alors,... Pourquoi pas ?!
TontonPierre

“Les années d’apprentissage”

C’est à Montélimar que naît au matin du 5 juillet 1920 Maurice, Léon, Périsset, dans la chambre au-dessus de la graineterie de l’avenue d’Aygu tenue par ses parents. Il sera l’unique enfant des époux Léon [Léonville] Périsset et Berthe [Marguerite, Rachel, Berte], née Brog.

Maurice Périsset se décrit comme ayant été «un garçon plutôt sage, mais terriblement indépendant. Assez sauvage également…» {1}. Il vit «à la ville», à Montélimar, jusqu’à l’âge de neuf ans, puis est brusquement «transporté à la campagne». Les jeux des enfants de la ville et ceux des enfants de la campagne étant très différents, il se trouve totalement dépaysé au milieu de ces derniers. Anxieux, timide, il s’enferme dans une solitude «acceptée sinon voulue» et se met à lire, énormément. Il dévore son “Pierrot” et sa collection “Printemps”, puis découvre par hasard à l’âge de douze ans Dostoïevski et son roman inachevé Netotchka. Il s’initie à la poésie en retrouvant dans l’hebdomadaire que lit sa mère – Le Petit Echo de la Mode – les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore ou de Verlaine.

Lisant beaucoup, il ressent l’envie, sinon la nécessité, d’écrire lui aussi. C’est là la première vocation qu’il eut étant enfant ; la seconde, également liée à l’écriture, étant imprimeur, et la troisième, potier.

A treize ans, il a la chance d’avoir un professeur de français qui «en fait a décidé de tout sans l’avoir voulu et qui [lui] a fait à ce point aimer la littérature que, peut-être, tout s’est   concrétisé là». Il conservera son cahier de composition française où est parfois inscrite dans la marge à côté d’une note rarement en-dessous de 17, la mention : «A recopier dans le cahier d’honneur». C’est cette année-là qu’il est présenté avec un an d’avance au Certificat d’Études, dont il obtient le diplôme – le seul qu’il obtiendra de toute de sa vie {2} - avec la mention “Bien”.

A quatorze ans, terrorisé par un nouveau professeur de français paranoïaque, le jeune Maurice se décide à arrêter ses études et à se consacrer à l’écriture, malgré la désapprobation de ses parents. «Tu vas tout droit vers un métier de crève-la-faim», lui dit sa mère ; «les poux te mangeront vivant», renchérit son père ; mais, ayant «un très profond goût de contradiction», il se maintient un peu plus dans sa position, ses parents lui laissant alors «la liberté la plus totale» : «Je savais que j’écrirais et que je n’étais doué pour rien d’autre».

Grâce aux conseils d’une amie de sa mère, il réussit à placer des petits textes dans un hebdomadaire local. Sa collaboration régulière lui permet d’y créer une rubrique de critique littéraire, ce qui lui vaut de recevoir des services de presse et ainsi de lui permettre d’étancher sa soif de lecture.

En 1939, il passe son conseil de révision, «qui fait ricaner jaune les plus audacieux et décourage les timides, même les moins maladroits». Il est cependant trop jeune pour être mobilisé, puis échappe au Service du Travail Obligatoire en Allemagne de par son inscription dans les registres des autorités comme agriculteur ; mais il doit partir huit mois pour “Les Chantiers de Jeunesse”, dans la forêt du Dom, entre Hyères et Saint-Tropez. Le Chantier possède une publication – “Le Mistral” – dont le jeune Maurice est chargé de rédiger la chronique mensuelle. Outre cela, il a la responsabilité du foyer, qui ne dispose que d’un vieux phonographe avec quelques 78 tours, et il essaie de mettre sur pied une bibliothèque «en sollicitant les rares éditeurs installés en zone libre».
De cette expérience, il gardera «une allergie très grande à la vie en communauté, (…) une première vraie révolte contre les brimades, contre l’impossibilité pour beaucoup d’assimiler la différence, contre l’antisémitisme».

Notes:
{1} Les données biographiques qui suivent sont issues des textes suivants : “Autoportrait”, par Maurice Périsset, in “Panorama du polar français contemporain” (juin 1986) ; “Bernard Drupt s’entretient avec… Maurice Périsset” – été/automne 1987 ; “Maurice Périsset, auteur de romans policiers” – Mémoire de maîtrise de Valérie Thollon (1988) ; “Le Rideau de poussières”, un livre souvenir publié juste avant sa mort ; ainsi que de son dossier à la SGDL. Les informations en italique entre guillemets reprennent les propos même de Maurice Périsset.
Si toutefois l’auteure du mémoire de maîtrise “tombait” sur ce message, qu’elle sache que je lui serais très reconnaissant de pouvoir la joindre, ne serait-ce que pour m’excuser auprès d’elle d’avoir publié quelques extraits de son mémoire sans avoir pu lui en demander l’autorisation.

{2} Mis à part le diplôme accompagnant la remise de sa décoration de Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres que lui remettra Jack Lang le 11 mars 1986
https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_026438


TontonPierre
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MessageSujet: Maurice Périsset - Biographie   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptyVen 19 Mai - 17:58

“Les années d’apprentissage” (2)

De retour des Chantiers de Jeunesse, Maurice Périsset poursuit son “apprentissage” dans le domaine littéraire. Il continue à écrire chaque semaine ses chroniques dans l’hebdomadaire local, qui lui ouvre de plus en plus ses colonnes ; et sa mère voit d’un assez bon œil sa signature au bas d’articles de plus en plus longs. Il «produi[t] quatre ou cinq poèmes d’une prosodie douteuse», tout en s’interrogeant s’il existerait «un canard local capable d’accueillir, même bénévolement, un débutant forcément maladroit que des lecteurs, tout autant maladroits, encourage[raie]nt ?». Et il va s’autoriser «une initiative, bien accueillie par le propriétaire de la feuille locale : recenser de semaine en semaine tout ce que la poésie de province compte de poètes méconnus et qui publient vaille que vaille des plaquettes à compte d’auteur».
Cela lui vaut un abondant courrier, dont celui d’un receveur des impôts de l’Ardèche, poète à ses heures {1}, qui lui donne l’opportunité de publier dans une revue que dirige son frère, non pas un poème, mais une courte nouvelle : “Banalité, Banalité”, qui sera remarquée et signalée par le critique du “Mercure de France” - une revue comparable à La Nouvelle Revue Française (NRF).

C’est à cette époque qu’il fait de nombreuses rencontres : André de Richaud (1907-1968), un écrivain, poète et dramaturge, ex-collégien à Carpentras, qui participe alors aux revues “Méridien” (Arts, Pensée, Littérature) et “Poésie”, et qui lui fera rencontrer Jean Cocteau ; Alain Borne (1915-1962), poète et avocat à Montélimar, et Henri Rode (1917-2004), un écrivain et poète originaire d’Avignon. Ces deux derniers écrivent dans les revues “résistantes à l’Occupant” “Résurrection” (les Cahiers de culture chrétienne), “Méridien”, “Poésie”, ainsi que dans la revue des Lettres et des Arts “Confluences”, dirigée alors par René Tavernier (1915-1989), un philosophe et poète (et le père du cinéaste Bertrand Tavernier) que Maurice Périsset rencontre également.

Ces différentes relations permettent au jeune Maurice de se faire connaître en plaçant quelques poèmes dans ces différentes revues.
Alain Borne n’hésite pas à cette occasion à l’encourager à écrire un petit roman. Ce sera L’Aile du Matin, un roman “bleu”, «pouvant être lu par tous», qui sera publié sous le pseudonyme de Michel Perry en 1941 aux Éditions Chantal de Toulouse, «dans une petite collection de romans “populaires”» : «Un roman très sage, de petite librairie, comme on disait à l’époque, mais dont je ne parle plus et que j’ai parfaitement renié. Disons que cela faisait partie des années d’apprentissage…».

C’est encore grâce à Alain Borne que ses premiers poèmes sont publiés en plaquette aux “Feuillets de l’Ilôt” en 1943, sous le titre “Cruauté des Abîmes”.
Maurice Périsset récidive l’année suivante avec un second recueil de poèmes, "L’Écuyer de Sel", qu’il fait publier par Les Cahiers de l’École de Rochefort en fournissant lui-même le papier nécessaire à l’impression {2}, et en prépare un troisième prévu en 1946 pour paraître : "Commune Mesure", mais qui restera semble-t-il inédit.
Il signera ces recueils, comme tout le reste de ses œuvres poétiques, de son patronyme {3}.

Tout en semblant se consacrer à la poésie, il continue l’écriture de romans sentimentaux “de petite librairie” pour les Éditions Chantal de Toulouse, toujours sous le pseudonyme de Michel Perry, et a commencé à l’automne 1940 l’écriture d’un roman plus sérieux, un drame psychologique. C’est ce futur roman qu’il présente pendant l’Occupation lors d’une soirée à Paris offerte par la sœur d’un grand éditeur à Albert Camus. Celui-ci lui répondra par courrier, au grand bonheur du futur romancier : «Il s’est penché avec beaucoup d’attention sur mon premier roman Les Eaux Noires et m’a fait des suggestions dont je n’ai tenu compte que bien plus tard, quand je l’ai entièrement réécrit et qu’il est devenu Les Eaux de Solitude. Ce qu’il me conseillait à l’époque : ajouter une centaine de pages pour rééquilibrer le récit, me paraissait impossible. Ces cent pages, je ne savais où les mettre ! J’ai gardé précieusement sa lettre, à en-tête de la NRF» {4}.

Notes :
{1} Il s’agit de Georges Barrelle, ami du poète avignonnais Louis le Cardonnel.
{2} Au sujet des Cahiers de l’École de Rochefort, on lira avec intérêt l’ouvrage de Jean Bouhier : "Les Poètes de l’École de Rochefort" (Éditions Seghers, Paris 1983), où l’on découvrira pages 33 et 34 pourquoi certains auteurs, tel Maurice Périsset, durent trouver par eux-mêmes un imprimeur et du papier pour se faire publier “clandestinement”.
{3} Dans son autoportrait inséré dans “Panorama du polar français contemporain”, Maurice Périsset écrit que “Poésie” fit partie des revues qui publièrent ses poèmes (page 185). Pourtant, aucun numéro de la revue ne comporte de poème signé de son nom. Alors ?... Faut-il aller voir du côté d’un “illustre inconnu” du nom de J. Pérus qui, aux côtés de Borne, Rode et de Richaud, fit une unique apparition dans ladite revue. Serait-ce là un pseudonyme “oublié” de Maurice Périsset ?
{4} Dans son autoportrait inséré dans “Panorama du polar français contemporain”, page 185, Maurice Périsset rapporte qu’«un important éditeur [Gallimard ?, qui éditait Albert Camus] se disait prêt à publier ce manuscrit (s’il) consentait à y ajouter cette centaine de pages». Ce qu’il ne fit pas, ne sachant où les incorporer. Il garda son manuscrit en l’état et le proposa en 1945 aux Éditions Janicot de Lille.

à suivre...

TontonPierre
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MessageSujet: Périsset,Maurice .   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptySam 20 Mai - 14:25

TONTON Pierre, un   SOCLE    de compétences .  Magnifique !
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MessageSujet: Maurice Périsset - Biographie   Périsset, Maurice (1920-1999) EmptyDim 21 Mai - 9:23

“Les années d’apprentissage” (3)

A l’automne 1945, il fait une demande d’adhésion à la Société des Gens de Lettres (SGDL), avec le parrainage de deux auteures phares des Éditions Chantal : Magali et Marcelle Adam. Certainement voit-il dans cette qualité de membre adhérent, comme d’autres auteurs le voyaient à l’époque, la possibilité d’être défendu en cas de conflit avec ses éditeurs et la facilité pour recevoir les piges de ses romans diffusés sous forme de récits complets ou de feuilletons dans les magazines.
Il y déclare le pseudonyme Michel Perry (qui restera par la suite le seul pseudonyme à la fois déclaré et protégé par la SGDL), ses trois romans écrits pour les Éditions Chantal (qu’il classe dans la catégorie «Romans pour jeunes filles pouvant être lus par tous»), ses deux recueils de poésie, et deux romans signés de son patronyme à paraître aux Éditions Janicot – “Le Cavalier du printemps” et “L’Enfer de la Solitude” (qui sera publié l’année suivante sous le titre “Les Eaux Noires”), ainsi qu’une nouvelle inédite à paraître dans le magazine féminin Votre Amie.

En 1947, délaissant sans raison apparente les Éditions Chantal de Toulouse, il se tourne vers les Éditions de La Gazelle de Châteauroux, pour y fournir, toujours sous le pseudonyme de Michel Perry, cinq romans sentimentaux, dont “Le Cavalier du Printemps” qu’il avait prévu en 1945 aux Éditions Janicot.
Ce seront là ses premiers déboires avec une maison d’éditions : ne tenant pas ses engagements de paiement des droits d’auteur, cet éditeur sera assigné en justice et condamné, mais l’auteur ne récupérera aucune indemnité et abandonnera sa collaboration avec La Gazelle en 1949, sans même pouvoir récupérer le dernier manuscrit qu’il avait envoyé.

Pour continuer la publication de ses romans sentimentaux, “de petite librairie” comme il disait, il autorise le magazine belge Les Bonnes Soirées à publier ses titres parus aux Éditions Chantal, puis va se tourner au début des années 1950 vers les Éditions des Remparts de Lyon.

Cependant, c’est dans cette fin des années 1940 qu’il va faire à Montélimar une rencontre déterminante, à partir de laquelle «vie privée et travail se confondent» : celle de René Poscia, qui restera son ami de toujours jusqu’à la fin de sa vie.

Prochain chapitre : "Les années oubliées"
(en attendant, l'internaute pourra aller consulter la bibliographie de Maurice Périsset correspondant aux "années d'apprentissage à l'adresse :
https://litteraturepopulaire.1fr1.net/t5093-perisset-maurice-1920-1999?highlight=p%E9risset


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