extrait du " le soir" , quotidien belge
<<<Relecture de José-André Lacour pour la réédition de son roman «Venise en octobre» : une histoire d'amour qui swingue
(.... ) Il pratique vis-à-vis de lui-même une ironie légère qui lui évite de se prendre au sérieux, mais peut malgré tout essayer d'expliquer pourquoi, peut-être, le livre n'a pas trop vieilli pour un lecteur d'aujourd'hui : Je pratique une écriture assez sèche qui se démode moins vite que d'autres. On a toujours avantage à écrire sans trop de beauté formelle : qu'est-ce que ça prend comme coup de vieux !
A l'époque, José-André Lacour appartenait à la brillante « écurie» Julliard qui l'éditait depuis le premier roman qu'il avait écrit en arrivant à Paris après la guerre : «Châtiment des victimes». Il croisait, dans les couloirs de la maison, Jean d'Ormesson, Françoise Sagan, Pierre Boulle, Maurice Druon... Il dit : Boulle et moi, nous ne passions pas pour de grands écrivains. Lacour n'était pas pour autant le moins célèbre puisque Buñuel avait adapté, en 1956, «La mort en ce jardin». Le film n'est pas mal, mais ce n'est pas un grand Buñuel. D'ailleurs, Buñuel, est-ce que c'est si bien que cela ? Au moment où sortait «Venise en octobre», sa pièce «L'année du bac» était à l'affiche et recueillait un vif succès dont le roman, d'ailleurs, a sans doute souffert : «L'année du bac» avait raflé toute la curiosité qu'on pouvait me porter.
Il n'empêche : depuis sa naissance à Gilly, près de Charleroi, en 1919, José-André Lacour avait fait bien du chemin, qui n'allait pas s'arrêter là. Sans doute aurait-il pu se consacrer davantage à une oeuvre romanesque qui culmine actuellement avec «Le rire de Caïn» ( ...) plutôt que de donner sous pseudonyme des westerns ou des romans policiers au Fleuve Noir. Il minimise cependant la place que cela a pris dans son travail, raillant gentiment les journalistes qui aiment, pour l'anecdote, les auteurs à plusieurs facettes. Il n'a de toute manière pas l'intention de s'arrêter là : deux nouvelles pièces sont en pré-production à Paris et il y a ce roman toujours en cours : Il est écrit depuis des années, mais il y manque cent cinquante pages. Je n'avais pas l'expérience nécessaire, à cette époque, pour le terminer. Maintenant, j'ai passé l'âge idéal, il faut que je retrouve les sensations nécessaires à cette fin. Peut-être y arriverai-je...
PIERRE MAURY >>>>>