"La vie est sombre, étriquée, menaçante. Les jeunes, surtout, en souffrent. Ils ne vivent pas. Ils n'aperçoivent pas les moyens de vivre. Les jeunes filles, particulièrement, sentent leur faiblesse. Plutôt que de lutter, elles désirent se dérober aux mesquins problèmes que la vie de chaque jour leur pose. Le moins coûteux des plaisirs, le plus capable de « transporter », d' « enchanter », le plus fécond en émotions fortes et sans péril, le plus proche de l'amour, c'est la lecture.
Nos midinettes lisent. Toute une littérature bon marché leur est offerte ; une littérature conçue dans le dessein de leur plaire. Il y a des paradis à partir de cinquante centimes."
Denise Moran, « Ce que lisent nos midinettes, 1. Suzy adore les romans », Le Peuple. Quotidien du syndicalisme, 21 mai 1934, n° 4871, p. 2.